Cette peinture provient d’un texte rare composé par Aftab, nom de plume de l’empereur moghol Shah ‘Alam II (r. 1759-1806). Intitulé le ‘Aja’ib al-Qasas, ce récit en prose aurait été complété en 1207 H/1792-93. Il est considéré comme l’une des premières œuvres littéraires en langue urdu. Il est un exemple de la culture raffinée des cours persanophones de l’Inde du nord. C’est une romance de type dastan, un genre littéraire articulé autour d’histoires contées par un narrateur, et qui partage des enseignements moraux à travers des situations parfois étranges et féériques. On y trouve des personnages tels que le Roi de Cathay, celui de Rum (Qutlugh Khan), leurs vizirs, le prince Shuja’ Shams et sa dulcinée la princesse Malika Nigar, ainsi que les fées Asman Pari et Mushtari (M. Alam & S.Subrahmanyam, Envisioning power: The political thought of a late eighteenth-century Mughal prince, Pennsylvania State University, 2016, consultable en ligne https://citeseerx.ist.psu.edu/document?repid=rep1&type=pdf&doi=2da417961ad6102e5ba9e881e12b64dd3212290d).

Shah ‘Alam II est célébré pour son œuvre littéraire. Les troubles politiques de la fin du XVIIIe siècle le forcèrent à voyager avec sa cour à travers l’Inde du nord, ne regagnant Delhi qu’après une longue absence en 1772. Le style de ce manuscrit rappelle les productions de la cour des Nawabs de Lucknow, un temps protecteurs de l’empereur, mais s’apparente également au style des ateliers la cour moghole de Delhi à la fin du XVIIIe siècle.

Des feuillets illustrés isolés ont été dispersés au gré des ventes publiques (Hôtel Drouot, 20 novembre 1974, no. 46 ; 12 décembre 1983 ; 3 juin 2015, no.78 ; et Artcurial, 4 novembre 2014, no. 267 ; Million, 20 mai 2025, nos. 136-138 et Bonhams, Londres, 22 mai 2025, no. 213).