Signé, localisé et daté ‘a Lebourg / Montfort 1878’ en bas à gauche
Study of a young boy, black pencil, stump and white chalk, signed and dated, by A. Lebourg
18.11 x 12.00 in.
Vente anonyme ; Paris, Hôtel Drouot, Millon, 28 novembre 2008, n° 399 ;
Galerie Ambroise Duchemin, Paris ;
Acquis auprès de cette dernière par l'actuel propriétaire ;
Collection particulière, Paris
Natif de Normandie, Albert Lebourg suit dès dix-sept ans des cours d’architecture à l’École des Beaux-Arts de Rouen. Après un séjour de quelques années à Alger, où il enseigne le dessin, il suit à l’École des Beaux-Arts de Paris les cours de Jean-Paul Laurens. Attiré par les lumières du Nord et la mer normande, Lebourg se passionne pour les effets d’atmosphère et se tourne progressivement vers le paysage. Il entre naturellement en contact avec les impressionnistes et participe à leurs expositions de 1878 et 1880. La Seine et la Marne deviennent ses sujets de prédilection et il partage son temps entre Rouen, Paris et sa campagne natale : Montfort-sur-Risle et les environs de Pont-Audemer.
Bien qu’impressionniste en peinture, Lebourg dessine au fusain, à la pierre noire et au crayon Conté, s’inscrivant dans la tradition naturaliste initiée par Gustave Courbet et Jean-François Millet. Faits de petites touches juxtaposées et de frottements de crayon sur le grain du papier, les dessins de Lebourg jouent sur de puissants effets de clair-obscur. Datée de 1878, notre grande feuille de jeunesse constitue l’un des rares exemples de portraits dans l’œuvre du peintre. Ici, loin des paysages vibrants de lumière qui feront sa renommée, Lebourg s’attache à la figure humaine avec une intensité presque méditative, plongeant le spectateur au cœur d’un clair-obscur enveloppant et introspectif. Le jeune garçon, représenté en buste, émerge lentement d’une obscurité dense, comme une apparition hésitante. Le crayon noir, posé en larges masses serrées, envahit littéralement la feuille, créant une atmosphère nocturne où la lumière peine à se frayer un chemin. L’estompe, appliquée avec une maîtrise remarquable, adoucit ces ombres pour laisser affleurer les traits du modèle : un visage juvénile, grave, dont les contours incertains renforcent l’impression de recueillement. Quelques touches de craie blanche, discrètes et précieuses, viennent éclairer le front, le nez, la joue, révélant la fragilité encore enfantine du sujet. D’un dépouillement saisissant, notre dessin témoigne ainsi avec force de la maturité précoce de l’artiste dans le traitement du clair-obscur et des variations de la lumière, appliqué avec tact aux traits chargés d’émotion de ce modèle intime.