Signé et daté ‘PFOLLOT 1901’ en bas à gauche
Dans un cadre en bois et stuc doré à décor naturaliste
Woman with irises, black pencil, watercolour, pastel and gold highlights, signed and dated, by P. Follot
18.11 x 11.61 in.
Vente anonyme ; Paris, Hôtel Drouot, Lynda Trouvé, 21 novembre 2018, n° 98 ;
Acquis lors de cette vente par l'actuel propriétaire ;
Collection particulière, Paris
Léopold Diego Sanchez, Paul Follot, un artiste décorateur parisien, Gand, 2020, p. 15
Fils d’un fabricant de papier peint réputé, Paul Follot étudie auprès d'Eugène Grasset avant de se consacrer définitivement aux arts décoratifs. Dès 1901, il travaille pour la galerie La Maison Moderne de Julius Meier-Graefe, pour laquelle il réalise des dessins de bijoux et de tapisseries. C’est au sein de cette galerie qu’il fait la rencontre décisive de Maurice Dufrène, qui n’aura de cesse d’exercer par la suite une forte influence sur son œuvre. Notre délicate et rarissime composition appartient aux premières années de Paul Follot, période au cours de laquelle l’artiste, encore proche des recherches symbolistes, développe un art raffiné où se conjuguent l’élégance de la ligne et la poésie du décor. Une figure féminine auréolée de fleurs bleues et sombres se détache sur un paysage stylisé, nocturne et onirique. Le visage à demi rêveur, dont les yeux semblent flotter vers quelque horizon intérieur, constitue le cœur émotionnel de l’œuvre. Follot utilise ici une technique mixte d’une grande subtilité : le crayon noir dessine les contours avec une retenue presque musicale, tandis que l’aquarelle et le pastel apportent des transparences colorées, des irisations délicates et un modelé feutré. Les rehauts d’or, appliqués avec parcimonie, diffusent une lueur précieuse autour de la silhouette, comme une présence vibrante et spirituelle. La chevelure dorée du modèle fait écho à ces scintillements, renforçant une certaine impression de lumière intérieure. Le décor, composé de troncs élancés et de fonds verdoyants traités par touches subtiles, rappelle le goût fin-de-siècle pour les paysages stylisés où nature et figure fusionnent littéralement. Tout concourt ici à conférer à la scène un climat d’une profonde introspection, où la beauté féminine devient le support d’une rêverie poétique, à l’image des œuvres singulières de Jeanne Jacquemin.