Collection de la famille Miramon au château de Paulhac, Haute-Loire, au moins en 1951 (lors du classement MH au sein de cette propriété familiale, n° de notice : PM43000366) ;

Vente anonyme ; Narbonne, Me Meyzen, 16 avril 2016, n°91 ;

Acquis lors de cette vente par les actuels propriétaires

Cette suite de cinq portraits est classée monuments historiques. Ils ne peuvent quitter le territoire français.

A Rome, l’Anversois Jacob Ferdinand Voet connaît une carrière fulgurante grâce à son talent de portraitiste et son habileté entrepreneuriale. Son entregent lui ouvre rapidement les portes d’un important cercle de commanditaires et amateurs d’art. En 1669, il reçoit une première commande de la part de la reine Christine de Suède puis en obtient d’autres, en 1679, de la part d’Agostini Chigi et de Maria Virginia Borghese. Au cours de son séjour en Italie qui s’étend de 1663 à 1684, les familles Pamphilj, Rospigliosi, Attieri, Odescalchi, Carpegna, Sacchetti, Pozzo et Colonna font également appel à ses services. Durant les années 1670, il réalise plusieurs séries connues sous le nom de Le Gallerie delle belle, une suite de portraits de femmes romaines se distinguant par leur extrême beauté. Un premier ensemble fut assemblé par la famille Chigi entre 1672 et 1678. Cette série comprenait trente-sept portraits qui furent peints par Voet pour la Sala da Pranzo d’Estate dans le Palazzo Chigi à Ariccia.

Notre ensemble de cinq tableaux représentent plusieurs portraits des sœurs Mancini, nièces du cardinal Mazarin, réputées pour leur grande beauté et leur charme. A la mort de leur père, elles quittèrent Rome pour Paris dans l’espoir de faire des mariages avantageux grâce à l’influence de leur oncle. Toutes devinrent les compagnes de jeux de Louis XIV et de son frère.

Marie Mancini, pour avoir conquis le cœur de Louis XIV lors de leur rencontre en 1658, et Hortense Mancini, pour avoir été l’amante de Charles II lors de son exil en Angleterre, sont sans doute les plus connues. Toutes deux furent également femmes de lettres et imprimèrent leurs mémoires. Diane de Thianges, qui épousa le duc de Mazarin en 1670, fut quant à elle un modèle apprécié de Voet comme du peintre Pierre Mignard (1612-1695). Olympe, qui s’était également attiré les faveurs du jeune Louis XIV, se fit remarquer à la cour pour son implication dans différents complots et affaires dont celle des poisons en 1679. Par son mariage avec le prince Eugène de Carignan, elle donna naissance au célèbre prince Eugène de Savoie (1663-1736). Devenu commandant en chef des armées du Saint-Empire romain germanique, le prince Eugène réunit une importante collection d’œuvres d’art dans laquelle se trouvait un important tableau de Guido Reni représentant David et Goliath. Ce dernier sera présenté dans nos salles le 25 novembre prochain. Moins célèbres, Marie-Anne et Laure Mancini connurent des destins moins mouvementés. Malgré les efforts d’identification dont font l’objet les nombreux portraits des sorelle Mancini, les confusions demeurent toujours.

Le succès de cette iconographie des belles est attesté par les nombreuses galeries des beautés qui furent commandés par d’autres souverains bien après le XVIIe siècle tel Louis Ier de Bavière pour son château de Nymphenburg.