2 p. in-4 (26,9 x 20,9 cm), avec enveloppe.
Charmante lettre autographe signée à Nelly Kaplan revenant sur leur rencontre et celle avec Abel Gance.
Breton revient sur la genèse de leur rencontre lors d’une exposition précolombienne. « J’ai commencé par être vivement touché de votre souvenir. » Il lui avoue n’avoir pas entendu le nom de la personne que Kaplan lui a présenté ce jour-là, qui n’était autre qu’Abel Gance. « Cela m’a valu de me trouver d’une gaucherie sans exemple et pratiquement muet […]. Je ne sais plus, à distance, combien de temps il m’a fallu pour supposer et surtout me convaincre que vous aviez pu me mettre en présence d’Abel Gance. » Le poète, séduit par la jeune écrivaine et cinéaste, lui avoue alors son attirance. « Depuis lors, je me suis quelquefois interrogé sur les causes possibles de cette mésaventure. Si vous m’autorisez à être tout à fait sincère, il se peut que j’aie été troublé par votre beauté et par les circonstances où nous en sommes venus à lier conversation. » À cette période, Nelly Kaplan, était l’assistante et secrétaire de Gance. Elle l’aide, notamment, à produire Magirama, une série de courts-métrages, que Breton cite dans sa lettre. « Rêvons encore. De ce spectacle, auquel - à peu influençable que je me sache - j’ai tenu à assister seul, laissez-moi vous dire qu’il m’a bouleversé. Je partage absolument vos espoirs quant à la formule d’art qui s’en dégage. » Breton, charmé et charmeur, termine sa lettre en louant la jeune femme. « Nelly Kaplan, je vous baise les mains. Je vous souhaite tout ce à quoi vous pouvez aspirer. À vous le Royaume de la Terre. » Kaplan raconta l’histoire de cette rencontre en 1991 lors d’un entretien avec le Figaro. « Nous avons déambulé longtemps d'une salle à l'autre, en parlant comme si nous nous connaissions. Les rapports étaient simples, limpides. Au moment de nous quitter, il me dit : “Je crois qu'il est temps de me présenter. Je m'appelle André Breton” » (cit. par Colvile).
Petite tache à un des feuillets.
Bibliographie :
Colvile, Scandaleusement d'elles, p. 155.