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PENDULE À CERCLES TOURNANTS D’ÉPOQUE TRANSITION
Estimate:
€30,000 - 50,000

Complete Description

PENDULE À CERCLES TOURNANTS D’ÉPOQUE TRANSITION

En bronze ciselé, doré et plaques en porcelaine de Sèvres du XVIIIe siècle, le cadran à cercles tournants inscrit dans un vase couvert autour duquel s'enroule un serpent dont la langue indique les heures et les minutes, le mouvement signé "Lepaute AParis", le couvercle surmonté d'une prise à motif de pomme de pin, le corps flanqué d'anses à décor de moufles de lion retenant un anneau, reposant sur un socle orné de plaques en porcelaine de Sèvres

La plaque principale par Charles-Nicolas Dodin, à décor polychrome de la leçon de flûte d’après Boucher, les plaque des côtés par Jean-Baptiste Tandart, à décor polychrome de carquois, flambeaux, quenouilles et de couronnes de roses et barbeaux, dans des encadrements à fond vert et or

La plaque principale marquée : LL entrelacés, lettre-date P pour 1768, marque du peintre Charles-Nicolas Dodin

Les plaques de côté marquées : LL entrelacés, lettre-date P pour 1768, marque du peintre Jean-Baptiste Tandart

H : 47 cm (18 ½ in.)

l. : 24 cm (9 ½ in.)


Provenance :

Par tradition familiale offerte par Jean-Baptiste Réveillon (1725-1811) à Guillaume Alexandre Tronson du Coudray (1750-1798), son avocat ;

À la mort de ce dernier, sa fille, Euphrasie Tronson du Coudray (1792-1884), Mme Louis-Hardouin Michelin de Choisy ;

À la mort de cette dernière, sa fille, Valérie Michelin Tronson du Coudray (1818-1911), Mme Edouard Lefebvre de Laboulaye ;

Puis, par descendance, jusqu’aux propriétaires actuels. 


Bibliographie comparative :

D. Alcouffe, A. Dion-Tenenbaum, G. Mabille, Les Bronzes d'Ameublement du Louvre, Editions Faton, Dijon, 2004, p. 136.

S. Eriksen, Early Neo-classicism in France, 1974, pl. 197.

P. Kjellberg, La Pendule Française du Moyen Age au XXe siècle, Les Editions de l'Amateur, Paris, 1997, p. 285, fig. E.

B.G.B. Pallot, L'Art du Siège au XVIIIe siècle en France, A.C.R Gismondi Editeurs, Paris, 1987, p. 203.


A Transitional gilt-bronze mounted and Sevres porcelain pendule a cercles tournants, the porcelain plates dated 1768, one of them by Charles-Nicolas Dodin, the others by Jean-Baptiste Tandart


L’extraordinaire pendule que nous présentons ici s’inscrit dans la prestigieuse tradition des pendules à cercles tournants de la deuxième moitié du XVIIIe siècle, illustrant parfaitement la virtuosité des bronziers et des horlogers parisiens sous le règne de Louis XVI. Par sa finesse, la qualité de son bronze et sa riche iconographie, elle se rattache à un corpus très restreint de pièces d’exception destinées à une clientèle d’élite.


À peine installée comme favorite en titre, Madame Du Barry fit l’acquisition le 18 novembre 1768 chez le marchand-mercier Poirier pour 912 livres d’une «pendule à vase et serpent, en bronze doré d’or moulu, le cadran tournant, le piédestal garni de trois morceaux de porcelaine de france, fond bleu, avec des enfants en miniature, le dard du serpent fait en marcassite» (cfr. S. Eriksen, ibid., p. 347-348). Bien plus tard, pendant la tourmente révolutionnaire, on retrouve dans l’inventaire des « Meubles et effets appartenant à la citoyenne Du Barry » dressé en 1793 au château de Louveciennes une « Garniture de cheminée composée d’une pendule marquant par le dard d’un serpent » dans la chambre de la comtesse (cfr. C. Baulez, « Le Mobilier et les objets d’art de Madame Du Barry », Madame Du Barry, de Versailles à Louveciennes, Paris, 1992, p. 65).


La pendule fut d’abord réservée par la Commission des Arts, puis finalement vendue : elle se trouve aujourd’hui dans une collection particulière (cfr. Fig. 1).


Ce modèle de pendule luxueux et sophistiqué fut recherché des amateurs les plus fortunés.

À ce propos, mentionnons qu’une pendule très étroitement liée à la nôtre, possiblement la plus proche connue, le socle signé LEPAUTE HORLOGER DU ROI, figure dans le portrait daté 1771 et illustrant Nicolas Chanlatte (illustré ci-dessus), abbé de Pontigny, par Guillaume Voiriot (cfr. B.G.B. Pallot, ibid., p. 203) ; ce dernier fut vendu à Paris, Galerie Charpentier, le 12 juin 1936, lot 115.


Dans les années 1770, à Paris rue de Varenne, la comtesse d’Orsay disposait dans son boudoir d’une pendule vase à cadran tournant très similaire, dont le socle était cette fois orné de miniatures à l’huile : autrefois prêtée au ministère des Finances par le Mobilier national, elle est aujourd’hui conservée au musée du Louvre (cfr. Fig. 2).


Parmi les exemplaires parvenus jusqu’à nous, nombreux sont ceux ornés de pierres dures ; bien plus rares sont les modèles comprenant des plaques de porcelaine de Sèvres comme celle qui comporte notre exemplaire. A ce propos rappelons l’exemplaire de l’ancienne collection du Baron James de Rothschild (cfr. Fig. 3), puis Riahi (vente Sotheby’s Paris, le 6 juillet 2017, lot 95) ou la pendule de l’ancienne collection Izarn reproduite dans P. Kjellberg, ibid., p. 285, fig. D.


Une autre pendule stylistiquement très proche de notre modèle, les anses flanquées de mufles de lion retenant un anneau se trouvait dans l’ancienne collection de l’antiquaire parisien Maurice Segoura et est illustrée dans P. Kjellberg, ibid., p. 285. fig. E (cfr. Fig. 4).


La scène principale qui orne la façade de notre pendule est peinte par Charles Nicolas Dodin (1734-1803). Dodin est aujourd'hui considéré avec Etienne Genest comme l'un des meilleurs peintres de miniatures travaillant à Vincennes et à Sèvres au XVIIIe siècle. Engagé en 1754 comme peintre de figures pour un salaire de 24 livres par mois, il peint d'abord des putti et des enfants, copiant des gravures d'Aveline, de La Rue et Huquier d'après François Boucher. À partir de 1759, il utilise des gravures d'après David Téniers ou compose dans le style flamand des scènes de fêtes villageoises. Au début des années 1760, il peints des scènes chinoises et parallèlement, il reproduit les gravures des scènes galantes ou champêtres d'après François Boucher que la manufacture de Sèvres désigne sous le terme de Pastorales.


UNE ILLUSTRE PROVENANCE REMONTANT AU XVIIIe SIÈCLE


La provenance de cette pendule est étroitement liée, selon la tradition familiale, au destin de celui qui fut l’un des plus célèbres avocats français sous l’Ancien Régime. En effet, elle aurait été offerte à titre de paiement d’honoraires pour services rendus à Jean-Baptiste Réveillon (1725-1811), propriétaire de la manufacture royale de papiers peints, à son avocat, Guillaume Alexandre Tronson du Coudray (1750-1798). Du Coudray aurait défendu devant le Parlement de Paris Réveillon, réfutant les accusations dont il avait été l’objet pendant le procès qui suivit les émeutes ayant attaqué sa manufacture en avril 1789.


Guillaume Tronson du Coudray était un célèbre avocat français ; il se présente à la Convention pour la défense de Louis XVI, ce qui lui est refusé. En revanche, la défense de la reine Marie-Antoinette lui est confiée lors de son procès (1793), en compagnie de Chauveau-Lagarde. Il sera aussi avocat au procès des Nantais (1794) et obtiendra, grâce à sa plaidoirie poignante, l'acquittement de ses clients. Emprisonné sous la Terreur puis libéré, il est élu député sous le Directoire au Conseil des Anciens en 1795. Il en devient secrétaire et œuvre pour le respect de la justice et de la Constitution. Arrêté après le coup d’État de 1797 pour soupçon de sympathie royaliste, il est envoyé en Guyane, où il meurt après un an de déportation.


Notre pendule suivra le destin familial et demeura dans sa descendance directe, qui se mêla au cours du XIXe siècle et du XXe siècle à celle des familles Michelin, célèbre dynastie d’industriels français, puis celle des Lefebvre de Laboulaye, qui apportèrent à la France de nombreux hommes politiques et diplomates.

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