En hêtre mouluré, sculpté et redoré, comprenant quatre fauteuils à la reine et un canapé à oreilles, la ceinture ornée d'une palmette stylisée flanquée d'agrafes de feuillage sur fond de croisillons, les pieds cambrés terminés en enroulements feuillagés et réunis par une entretoise en X, garniture de tapisserie au gros point à décor polychrome de palmes, grenades et pavots sur fond crème ; restaurations à la tapisserie

Dimensions (fauteuils) :

H. : 105 cm (41 ¼ in.)

l. : 69 cm (27 in.)

Dimensions (canapé) :

H. : 105,5 cm (41 ½ in.)

l. : 196,5 cm (77 ¼ in.)

(5)

Provenance :

Ancienne collection du Château de Sully-sur-Loire (Loiret) au début du XXe siècle ;

Vente à Paris, Hôtel Drouot, le 25 février 1942, lot 79 (ensemble composé de cinq fauteuils à la reine et un canapé, adjugé FF 395.000) ;

Collection privée française.

A Regence giltwood salon suite, including four fauteuils a la reine and a sofa, coming from the collection of Sully-sur-Loire's castle

Cet exceptionnel mobilier de salon d'époque Régence, recouvert d'une rare tapisserie au gros point à décor de pavots, palmes et grenades, fit partie des anciennes collections du château de Sully-sur-Loire, ancienne demeure de la famille de Béthune, ducs de Sully et pairs de France.

En effet, notre mobilier apparaît in-situ sur une carte postale du grand salon du Château de Sully datant du début du XXe siècle (cfr. Fig. 1).

Hélas, l'absence d'inventaires parvenus jusqu'à nous ne nous permet pas d'en prouver avec certitude la présence dans le château dès le XVIIIe siècle.

Avec leur structure reliant une entrejambe à croisillons et un dossier complètement couvert à traverse supérieure cintrée dans sa partie médiane, ces sièges de salon sont stylistiquement datables des années 1725. Aussi auraient-ils pu déjà entrer dans les collections du château de Sully au temps du 5e duc Maximilien-Henri de Béthune (1669-1729) époux de Marie-Jeanne Guyon (1676-1736), veuve de Louis-Nicolas Fouquet, comte de Vaux ou celui de son cousin

Louis-Pierre-Maximilien de Béthune (1685-1761) à qui échut le duché à la mort du précédent.

En 1942, le mobilier se trouvait toujours au château et fait partie de la vente aux enchères qui eut lieu le 25 février de cette année, présenté et illustré sous le numéro 79 (cfr. Fig. 2) du catalogue de vente.

L'ensemble comportait alors cinq fauteuils à la reine et un canapé ; Bernard Dillée, expert de la vente, le décrit ainsi : "Mobilier de Salon comprenant un canapé à oreilles et cinq fauteuils à haut dossiers, en bois naturel, sculpté de coquilles et fleurettes. Pieds cambrés, réunis par un croisillon. Ils sont garnis d'ancienne tapisserie au point, dite " à la grenade ", sur fond blanc. Epoque Régence".

Bien que décrits comme étant en bois naturel à l'époque de la vente de 1942, leur réalisation en hêtre nous conforte dans l'hypothèse que l'ensemble devait être en bois doré dans son état d'origine, état dans lequel nous le trouvons à nouveau aujourd'hui.

Le Château de Sully-Sur-Loire

Mentionné dès 1102, le château, qui contrôlait un pont sur la Loire, n'a appartenu au cours des siècles qu'à trois familles : les premiers seigneurs de Sully, puis leurs descendants appartenant aux familles de la Trémoille et de Béthune.

En 1396 Gui VI de la Trémoille lance la construction du château actuel et confie sa réalisation à Raymond du Temple, architecte du roi et du duc d'Orléans.

Le château reste dans la famille de la Trémoille jusqu'en 1602, date à laquelle Maximilien de Béthune (1559-1641) acheta à Claude de la Trémoille la baronnie de Sully-sur-Loire érigée en duché-pairie en 1606 faisant du grand Sully, surintendant des finances de Henri IV, grand maître de l'artillerie de France, grand voyer de France, le premier duc du nom.

Entre 1602 et 1607, le duc de Sully sera le promoteur d'importants travaux de remaniement du château qu'il agrémentera d'un parc.

Le château accueillera de prestigieux hôtes dont le jeune Louis XIV fuyant la Fronde ou Voltaire en 1715 fuyant Paris.

Les derniers travaux de rénovation du château auront lieu au XVIIIe siècle avec la réalisation en 1767 d'une aile reliant le donjon au petit château contenant les appartements de réception des ducs de Sully, siège d'une vie mondaine brillante.

Au cours du XXe siècle le château connu de profonds bouleversements et fut gravement endommagé pendant un incendie en 1918, puis à deux reprises par les bombardements de la deuxième guerre mondiale. Suite aux énormes dégâts de l'incendie de 1918 et aux bombardements qui eurent lieu pendant la deuxième guerre mondiale, les ducs de Béthune décidèrent de disperser une partie du contenu du château de Sully lors d'une vente aux enchères.

Cependant le château resta dans la famille du 1er duc de Sully jusqu'en 1962, année au cours de laquelle il est acquis par le conseil général du Loiret.