Encre de Chine et feutre sur papier pour la planche de fin de cet album publié en 1981 aux éditions Casterman. Histoire prépubliée dans l’hebdomadaire italien L’Europeo, sous le titre Favola di Venezia, de juin à décembre 1977. Texte en italien. Mise en couleurs à l’aquarelle au verso.

62 x 47 cm

Une planche magnifique, emblématique de cet album — l’un des plus complexes et des plus envoûtants de l’oeuvre d’Hugo Pratt. La Venise qu’il dépeint et qu’il connaît si bien, car associée à des souvenirs d’enfance qui lui sont chers, est celle du Vieux Ghetto (le Ghetto Vecchio où les Juifs durent s’installer au début du XVIe siècle), des ruelles labyrinthiques où la lumière est rare et des arrière-cours qui ne se dévoilent qu’aux initiés, des inscriptions ésotériques tracées sur les murs que peu de gens savent déchiffrer, des loges maçonniques, des portes qui ne s’ouvrent que très rarement, et derrière lesquelles se cachent un monde secret fait de poésie, de philosophie et d’histoires mystérieuses. Un tel endroit, incomparable lieu de croisement des cultures judéo-chrétienne, orthodoxe et byzantine, ne pouvait que convenir à Corto Maltese, qui n’aime rien tant que l’insaisissable. Troisième strip, première case, Pratt fait allusion à Shakespeare : « Nous sommes de l’étoffe / Dont les songes sont faits » (La Tempête, IV, 1).