Comprenant le premier et le dernier juz’, manuscrit arabe sur papier, 7 lignes de maghribi à l’encre noire par page, vocalisation à l’encre rouge, titres de sourates en maghribi jaune, doubles jadwal rouges, inscriptions de donation à une madrasa de la ville de Tunis donnant la date de 1176 H/1762-63, dans leurs reliures d’origine en maroquin brun estampé, en bon état général, premier feuillet du juz’ 17 manquant, les sections 10, 13, 14 et 19 manquantes.
Dim. : 19,5 x 12,3 cm (texte) : 28 x 19,5 cm (feuillets)
Au Maghreb, les corans en trente volumes étaient couramment employés dans les mosquées, madrasas et zaouïas. Divisé en trente juz’, ce format permettait une récitation quotidienne du texte sacré sur un mois lunaire, facilitant ainsi son usage liturgique, notamment durant le mois de Ramadan. Ces corans en trente volumes étaient souvent associés au système de habus, une forme d’affectation pieuse des biens, distincte du waqf pratiqué dans l’Empire ottoman et dans d’autres régions de l’Islam. Tandis que le waqf, généralement placé sous la tutelle d’autorités religieuses ou officielles, immobilisait des biens à perpétuité au profit d’œuvres pieuses ou d’usages communautaires, le habus maghrébin se caractérisait par une gestion plus souple et un ancrage étroit dans les communautés locales. Ce système, profondément fragilisé par la colonisation française, se délite progressivement au cours du XIXe siècle, entraînant la dispersion d’un patrimoine manuscrit d’une richesse exceptionnelle. Dans ce contexte, cet ensemble partiel de vingt-six juz’ constitue un témoignage rare des pratiques liturgiques et de la culture manuscrite religieuse au Maghreb. Pour un exemple présentant les trente volumes au complet, voir le lot 139, présenté chez Artcurial le 21 mai 2025.