Jean MERMOZ
MANUSCRIT autographe d'un brouillon de discours, [Rio de Janeiro 26 mai 1930] ; 3 pages in-4 à en-tête du Palace Hotel de Rio de Janeiro, ratures et corrections.
DISCOURS PRONONCE A RIO DE JANEIRO APRES SA PREMIERE TRAVERSEE DE L'ATLANTIQUE SUD (12-13 mai 1930, de Saint-Louis du Sénégal à Natal). Ce texte a été publié dans sa version définitive (avec reproduction du manuscrit mis au net) dans Défricheur du ciel Correspondance (publ. par Bernard Marck, L'Archipel, 2001, p. 319-322).
Mermoz est ému et invoque d'abord sa modestie ainsi que ses " talents oratoires inexistants "... " Ce que nous avons fait Dabry, Gimié et moi, d'autres le feront bientôt. Nous eûmes l'honneur d'être les premiers désignés pour mener à bien cette première tentative… Nous avons réussi et notre plus belle récompense fut la minute où déjà en vue de Natal, nous pensâmes en véritable équipage aéropostal que nous sommes que le courrier de France était arrivé de Paris en deux jours et presque à l'horaire fixé… au but. Dans quelques jours, nous prendrons le chemin du retour avec le même enthousiasme et bientôt d'autres équipages sillonneront l'Atlantique pour transporter avec la même foi et ce même allant le courrier de France en Amérique et vice-versa. [...] nous n'avons fait vraiment que parcourir une des étapes de la ligne qui unit Paris à B[uenos] Aires. - Une étape peut être un peu plus longue que les autres, mais jamais pour ma part, je n'ai eu l'impression de faire plus que lorsque j'effectuais un courrier sur B.Aires-Rio de jour et de nuit par tous les temps. La ligne aéropostale est le résultat de l'effort, de l'initiative personnelle, dans tous les domaines. Le pilote aéropostal a le rôle le moins effacé, peut-être, mais le plus ardu qu'il soit et si on lui demande un effort physique exceptionnel, on n'a pas besoin d'exiger de lui l'esprit nécessaire qu'il faut pour faire arriver le courrier au but fixé dans le minimum de temps. Il l'a… il est en lui… ce mot magique "le courrier" suffit pour lui donner une volonté tenace, une énergie résolue, un esprit de sacrifice, qualités nécessaires pour renverser les multiples obstacles que l'on ne peut manquer de rencontrer sur les treize mille kilomètres qui séparent Paris de Santiago du Chili. Et sous des aspects extérieurs divers, le pilote de ligne aéropostal a cet enthousiasme intérieur, cette foi sans cesse renouvelée, ce besoin de se surpasser physiquement et de s'élever moralement qui composent tout un idéal : celui de faire une lettre de Paris à Rio en deux jours et demi… de Paris à B. Aires en trois jours et demi, de l'Atlantique Nord au Pacifique en quatre jours ! " Cette fête est donc " la consécration des efforts de tous ceux qui ont lutté et qui lutteront encore pour la gloire d'une œuvre très grande et bien française, de tous ceux qui ont donné leur vie pour elle ! " Mermoz tient à y associer tous ses camarades de l'Aéropostale : " ÉTIENNE qui fut mon vieux compagnon des bons et mauvais jours, pionnier de la ligne Sud-Américaine, [...] REINE et VILLE, pilotes presque légendaires de la ligne de Casablanca-Dakar, venus en Amérique pour être de nouveau sur la brèche. - GUILLAUMET qui fait le bon hebdomadaire de la Cordillère des Andes et qui en est à sa quatre vingtième traversée… et tant d'autres ", dont le Président BOUILLOUX-LAFONT : " Vous êtes un peu beaucoup des nôtres. Vous avez tenu à vivre bien souvent l'existence d'un pilote de courrier. Vos trente trois mille kilomètres aériens le prouvent. Vous avez su partager nos enthousiasmes, comprendre tout ce qu'il y avait en tout votre personnel de forces neuves… Vous avez eu confiance en nous… et vous savez maintenant que l'affection de tous vous est acquise. - Messieurs je bois à la France "…