80
1975 - 1978 Renault-Alpine A442
Estimation :
250 000 - 500 000 €

Description complète

Véhicule de compétition Sans titre de circulation
Châssis n° 442-0

- Ex-24 Heures du Mans 1977 Arnoux/Pironi/Fréquelin

- Participation à la saison d'endurance 1975 et avec des grands pilotes

- Emouvant état d'origine, vendue directement par le constructeur

- La première A 442 construite, témoin d'une extraordinaire aventure


Le Mans, 10 juin 1978, 16 h : le départ de la plus grande course d'endurance du monde est donné ! Quatre prototypes jaune et noir s'élancent, aux couleurs de Renault Alpine. Vingt-quatre heures plus tard, c'est l'euphorie dans le stand du constructeur : l'A 442 B de Didier Pironi et Jean-Pierre Jaussaud franchit en tête la ligne d'arrivée, dépassant pour la première fois depuis 1971 le cap des 5 000 km parcourus. La Porsche 936 de Jacky Ickx, "Monsieur 24 Heures", n'a pas résisté et l'on trouve en quatrième position une autre A 442, confiée à Jean Ragnotti, Guy Fréquelin et José Dolhem.

La voiture que nous présentons, qui était cette année-là voiture de réserve, a participé à cette formidable aventure en étant la première A 442 produite et en préparant le terrain pour les succès qui allaient suivre.


Il faut revenir au début des années 1970 pour comprendre cette formidable réussite. Après l'arrêt d'Alpine aux 24 Heures du Mans à la fin des années 60, la société Elf souhaite se donner une image sportive et fait pression sur Renault, qui a absorbé Gordini en 1969, pour mettre au point un nouveau moteur de compétition capable de disputer le Championnat d'Europe 2 litres. François Castaing se met au travail et conçoit en 1972 pour Renault-Gordini un V6 2 litres à 90° (angle choisi en partie pour laisser croire que ce moteur était à l'origine du V6 PRV de tourisme...), dont la puissance frôle 300 ch. Il est installé dans la barquette Alpine A 440 dessinée par André de Cortanze pour le châssis et Marcel Hubert pour la carrosserie, elle fait ses débuts en mai 1973 à Magny-Cours entre les mains de Jean-Pierre Jabouille, avant de remporter peu après une première victoire à Croix-en-Ternois. C'est une bonne année pour Alpine, qui a dominé le Championnat du Monde des Rallyes avec la berlinette A110 ; Renault souhaite récolter les fruits de ces succès et fait l'acquisition de 55% du capital de la marque, tout en regroupant les activités sportives à Dieppe.



La saison suivante, en 1974, l'A 440 devient A 441 et domine outrageusement le Championnat d'Europe, avec sept victoires en sept courses. Ce succès ouvre de nouvelles perspectives chez Renault Sport, qui décide de s'engager au Championnat du Monde d'endurance où le règlement impose une cylindrée de 3 litres pour les moteurs atmosphériques ou 2,2 litres pour les moteurs suralimentés. Renault dispose de son excellent V6 2 litres qui va servir de base à une version turbo.

François Castaing et Bernard Dudot s'y attellent et, grâce à un turbo Garrett, la puissance du V6 fait un bond pour atteindre 490 ch. Ils en équipent une A 441 dont les débuts sont encourageants, avec une victoire en mars 1975 au Mugello, parallèlement à l'arrivée de l'A 442, version plus aboutie avec moteur 500 ch pour un poids de 685 kg. Pour la première fois, les voitures portent la livrée jaune et noir associée à Renault.

La présente A 4420 est au début de la saison 1975 la seule 442 à défendre les couleurs du constructeur français au Championnat du Monde des Marques, entre les mains de Gérard Larrousse et Jean-Pierre Jabouille, avant d'être rejointe en été par un deuxième exemplaire, l'A 4421. Elles ne participent pas aux 24 Heures du Mans qui n'acceptent pas encore les prototypes turbos et, si elles se montrent souvent les plus rapides aux essais et en course, elles manquent encore de mise au point et de fiabilité, ce qui n'empêche pas quelques résultats de premier ordre pour cette A 4420 comme une arrivée troisième aux 1000 Km de Monza et quatrième aux 1000 Km du Nürburgring. Ces résultats contribuent à la troisième place de Renault au Championnat du Monde 1975, derrière Alfa Romeo et Porsche.


C'est évidemment encourageant et, pour donner toutes ses chances à son équipe, Bernard Hanon, directeur de la planification et futur directeur général de Renault, nomme Gérard Larrousse à la tête de Renault Sport avec comme objectif prioritaire une victoire aux 24 Heures du Mans. Larrousse connaît bien l'endurance en tant que pilote puisqu'avant Renault, il a fait partie des équipes Porsche et Matra et compte plusieurs victoires internationales, dont deux aux 24 Heures du Mans avec Henri Pescarolo.

La saison 1976 reste en demi-teinte et, pour 1977, tous les efforts se concentrent sur la seule épreuve mancelle. L'activité rallye a été mise de côté et la Formule 1 progresse au ralenti pour laisser priorité à l'endurance, où les Alpine-Renault deviennent Renault-Alpine, confirmant la mainmise de Renault sur les activités sportives.

De nombreux essais sont effectués, en particulier sur le circuit du Castellet, une version longue queue apparaît, la voiture s'améliore et gagne en fiabilité et en facilité de pilotage. L'équipe arrive en force au Mans, avec quatre A 442 dont l'A 4420 que nous présentons, engagée sous les couleurs de Bendix et confiée pour la course à l'écurie Oreca d'Hugues de Chaunac aux mains de Didier Pironi, René Arnoux et Guy Fréquelin. Malheureusement les voitures jouent de malchance et abandonnent toutes les quatre.


Il faut attendre 1978 pour que Renault connaisse le triomphe attendu. L'équipe a mis à profit les premiers mois de l'année pour améliorer la fiabilité des voitures et mettre au point une version plus évoluée, l'A 443, dotée d'un moteur 2 140 cm3 développant 520 ch à 9 900 tr/mn et, sur un empattement plus long, d'une carrosserie plus effilée. Pendant la course, elle est chronométrée à plus de 370 km/h sur la ligne droite des Hunaudières. Mais c'est une A 442B qui remporte la victoire, celle de Didier Pironi et Jean-Pierre Jaussaud, au terme d'une course exemplaire.


Même si elle n'a pas pris le départ, la présente A 4420 était ce jour-là dans les stands, utilisée comme "mulet" et prête à prendre la relève si nécessaire.

Restée ensuite toujours chez Renault, elle a fait plus tard l'objet d'une remise en état cosmétique. Équipée d'un V6 turbo, elle est incomplète en mécanique, tant au niveau du moteur que de la suspension. Esthétiquement, la voiture est aujourd’hui très proche de la configuration qu’elle avait lors des essais hautes vitesses qu’elle a effectué sur l’anneau de vitesse de Colombus le 1 novembre 1977, avec son tablier peint en rouge. Elle constitue un projet de restauration unique dans la vie d’un collectionneur tant par son histoire, sa provenance que son état d’origine.


Remarquablement historique, cette voiture a participé à la saison d'endurance 1975, a pris le départ des 24 Heures du Mans 1977 et était dans les stands du Mans 1978. Elle a été pilotée par les plus grands pilotes de l’époque. Sur les cinq Renault-Alpine A 442 et A 443 fabriquées dans le seul but de remporter les 24 Heures du Mans, une seule est aujourd'hui entre des mains privées. La vente de celle-ci est donc une opportunité exceptionnelle d'acquérir une des fabuleuses machines ayant vécu la magnifique aventure des Renault turbo au Mans.


===============

Palmarès de la Renault-Alpine A 4420


1975

- 6 avril, 800 Km de Dijon, Larrousse/Jabouille, abandon

- 20 avril, 1000 Km de Monza, Larrousse/Jabouille, 3ème

- 1er juin, 1000 Km du Nürburgring, Larrousse/Jabouille, 4ème

- 29 juin, 1000 Km de Zeltweg, Depailler/Scheckter, abandon

- 12 juillet, 6 Heures de Watkins Glen, Scheckter, 27ème


1976

- 4 avril, 300 Km du Nürburgring, Depailler, abandon

- 23 mai, 500 Km d'Imola, Scheckter/Jarier/Pescarolo/Laffitte, utilisée en qualification (meilleur temps)


1977

-12 juin, 24 Heures du Mans, Arnoux/Pironi/Fréquelin, abandon


1978

-11 juin, 24 Heures du Mans, voiture de réserve





Racing car

Chassis no. 442-0

 

- Ex-24 Hours of Le Mans 1977 Arnoux/Pironi/Fréquelin

- Competed in the 1975 endurance racing season and with top drivers

- Heart-stirring original condition, sold directly by the constructor

- The first A 442 built, witness to an extraordinary adventure

 

Le Mans, 10 June 1978, 4 PM: the start of the greatest endurance race in the world! Four black and yellow prototypes set off, in the colours of Renault Alpine. 24 hours later, the constructor’s pits were filled with joy: the A 442 B driven by Didier Pironi and Jean-Pierre Jaussaud was the first to cross the finish line, after covering more than 5000km for the first time since 1971. The Porsche 936 driven by Jacky Ickx, “Monsieur Le Mans”, was unable to fend it off, while another A 442, entrusted to Jean Ragnotti, Guy Fréquelin and José Dolhem, finished fourth.

The car we are presenting, which was a reserve car that year, was part of this incredible adventure as the first A 442 built, paving the way for the victories that would follow.

 

We need to go back to the start of the 1970s to understand this remarkable success story. After Alpine withdrew from the 24 Hours of Le Mans at the end of the 1960s, Elf wanted to create a sporting image for the brand and put pressure on Renault, which had absorbed Gordini in 1969, to develop a new engine for racing which could compete in the 2-litre European Championship. François Castaing set to work for Renault-Gordini and in 1972, he designed a 2-litre V6 with a 90° ‘V’ (an angle chosen in part to give the impression that the engine was the starting point for the V6 PRV engine used in its road cars), producing nearly 300bhp. It was installed in the Alpine A 440 sports prototype designed by André de Cortanze for the chassis and Marcel Hubert for the body which made its debut at Magny-Cours in May 1973, driven by Jean-Pierre Jabouille, before claiming its first win at Croix-en-Ternois soon afterwards. It was a good year for Alpine, which dominated the World Rally Championship with its A110 berlinette: Renault was keen to reap the fruits of these successes and acquired a 55% stake in the company, bringing together its motorsport operations in Dieppe.

 

For the following season, in 1974, the A 440 became the A 441 and completely dominated the European Championship, winning all seven races. This success opened up new possibilities for Renault Sport, who decided to enter the World Endurance Championship, where the regulations stipulated a capacity of 3 litres for naturally aspirated engines and 2.2 litres for turbocharged engines. Renault already had its excellent 2-litre V6, which would serve as the basis for a turbocharged version.

François Castaing and Bernard Dudot got down to work and, thanks to a Garrett turbocharger, the power developed by the V6 shot up to 490bhp. They fitted one to an A 441 and it made a promising start, winning at Mugello in March 1975; meanwhile, the A 442 arrived, a further developed version with a 500 bhp engine and weighing 685 kg. For the first time, the cars sported the yellow and black colours associated with Renault.

At the start of the 1975 season, this A 4420 was the only A 442 to represent the French company in the Constructors’ World Championship, driven by Gérard Larrousse and Jean-Pierre Jabouille, before it was joined by a second car, the A 4421. They did not compete in the 24 Hours of Le Mans, which did not yet admit turbocharged sports prototypes, and although they were often the fastest cars in testing and in competition, they were still suffering from a lack of development and poor reliability. This did not prevent this A 4420 from achieving some first-rate results, including third place at the Monza 1000 Km and fourth at the Nürburgring 1000 Km. These results contributed to Renault’s third place in the 1975 World Championship, behind Alfa Romeo and Porsche.

 

This was naturally encouraging, and to give his team every chance, Bernard Hanon, the director of planning and future CEO of Renault, appointed Gérard Larrousse as the head of Renault Sport ,with a win at the 24 Hours of Le Mans his top priority. Larrousse was well acquainted with endurance racing as a driver, as before Renault, he had been a member of the Porsche and Matra teams, with several international victories to his credit, including two at Le Mans with Henri Pescarolo.

The 1976 season saw mixed results, and for 1977, all the team’s efforts were focused on the race at Le Mans. The company set its involvement in rallying aside and work in Formula 1 was left to tick over, in order to give priority to endurance racing, where the Alpine-Renaults became Renault-Alpines, confirming the control Renault had taken of the motorsport operations.

Numerous tests were carried out, in particular at the circuit at Le Castellet; a ‘long-tail’ version made its appearance, and the car was improved, becoming more reliable and easier to drive. The team turned up in strength at Le Mans, with four A 442s, including the A 4420 we are presenting, which raced in the colours of Bendix in the Oreca team managed by Hugues de Chaunac and was driven by Didier Pironi, René Arnoux and Guy Fréquelin. Unfortunately, the cars were struck by bad luck and all four had to retire.

 

It would be 1978 before Renault scored its long-awaited triumph. The team took advantage of the first months of the year to make the cars more reliable and develop an updated version, the A 443, fitted with a 2140cc engine producing 520bhp at 9900rpm and with a longer wheelbase and more streamlined body. During the race, it was timed at over 370kph on the Hunaudières straight. But it was the A 442 B driven by Pironi and Jaussaud that claimed victory, after an exemplary race.

 

Even though it did not compete, this A 4420 was in the pits that day, used as a test mule and ready to take over if needed.

Always remaining with Renault, it was later restored cosmetically. Fitted with a V6 turbo, both the engine and suspension are incomplete. Aesthetically, the car is now very close to the configuration it had during the high-speed tests it underwent at the Columbus speed ring in the United States on November 1, 1977, with its red-painted rear firewall. It represents a restoration project that would be unique in any collector's career, given both its history, provenance and original condition.

 

A remarkably historic car, this A 442 competed in the 1975 endurance racing season, raced at the 24 Hours of Le Mans in 1977 and was in the pits at Le Mans in 1978. It has been driven by the greatest racers of its time. Of the five Renault-Alpine A 442 and A 443 cars built with the sole aim of winning at Le Mans, only one is today in private ownership. The sale of this example is therefore an exceptional opportunity to acquire one of the fantastic machines which were part of the magnificent story of the turbocharged Renaults at Le Mans.

 

===============

The Renault Alpine A 4420: results in competition

 

1975

- 6 April, Dijon 800 Km, Larrousse/Jabouille, retired

- 20 April, Monza 1000 Km, Larrousse/Jabouille, 3rd

- 1 June, Nürburgring 1000 Km, Larrousse/Jabouille, 4th

- 29 June, Zeltweg 1000 Km, Depailler/Scheckter, retired

- 12 July, 6 Hours of Watkins Glen, Scheckter, 27th

 

1976

- 4 April, Nürburgring 300 Km, Depailler, retired

- 23 May, Imola 500 Km, Scheckter/Jarier/Pescarolo/Laffitte, used in qualifying (best time)

 

1977

- 12 June, 24 Hours of Le Mans, Arnoux/Pironi/Fréquelin, retired

 

1978

- 11 June, 24 Hours of Le Mans, reserve car

 


Commentaire :

Crédit photos © Peter Singhof

Commissaire-priseur

Anne-Claire MANDINE
Commissaire-priseur
Tél. +33 1 42 99 20 73
motorcars@artcurial.com

Contacts

Sophie PEYRACHE
Administrateur des ventes
Tél. +33 1 42 99 20 41
speyrache@artcurial.com

Ordres d’achat & Enchères par téléphone

Kristina Vrzests
Tél. +33 1 42 99 20 51
bids@artcurial.com

Actions