Titrés sur la face 'Geta' et 'Plavtilla'
Hauteurs: 50 cm et 48,5 cm
Reposent sur des piédouches en marbre vert
Hauteurs totales : 65 cm et 66 cm
Lucius Septimius Geta and Plautilla, bronze, brown and red patina, a pair, by P. Cipriani
H. : 19.68 & 19.09 in.
Vente anonyme ; Londres, Sotheby's, 7 décembre 2021, n° 74 ;
Acquis lors de cette vente par l'actuel propriétaire ;
Collection particulière, France
En rapport :
Andrew Wilton, Ilaria Bignamini, Grand tour : the lure of Italy in the eighteenth century, cat. exp., Londres, Tate gallery, Rome, Palazzo delle esposizioni, 1996-1997
Giovanni Pratesi, Repertorio della scultura fiorentina del Seicento e del Settecento, Turin, 1993
Die Bronzen der Fürstlichen Sammlung Liechtenstein, cat. exp., Francfort, Museum alter Plastik, Francfort, Liebieghaus, 1986
T.P Connor, “The fruit of Grand Tour, Edward Wright and Lord Parker in Italy, 1720-22”, Apollo, 148, 1998, p. 23-28
D. Zikos, ‘From the workshop of Cipriani’s bronzes and plasters for the 1st Earl of Macclesfield’, The Macclesfield Sculpture: The fruits of Lord Parker’s Grand Tour, cat. de vente, Christie’s, Londres, 1 décembre 2005, p. 27-31
Œuvres de référence :
Portrait de Plautilla, début de la période sévérienne, marbre grec, H. 65 cm, Florence, musée des Offices, inv. 1914 n.218
Portrait de Diamdumenien dit aussi Geta, 217 ap. J.-C., marbre italique, H. 52 cm, Florence, musée des Offices, inv. 1914 n.226
Pietro Cipriani s’inscrit parmi les sculpteurs les plus recherchés des collectionneurs effectuant le Grand Tour au début du XVIIIe siècle. Dans les années 1720, son atelier florentin est un passage obligé pour les riches amateurs de l’aristocratie européenne attirés par la renommée de ses bronzes inspirés de l’antique. Passé par l’atelier de Massimiliano Soldani-Benzi, sa réputation est bien établie et les commandes prestigieuses abondent, provenant tout particulièrement d’Angleterre. C’est justement Massimiliano Soldani-Benzi qui le recommande à Lord Parker, 1er comte de Macclesfield (fig. 1) pour honorer à sa place la commande d’une paire de statues en bronze grandeur nature d’après la Vénus Médicis et le Faune dansant. Cipriani s’engage à ce que ces bronzes soient « ... au moins équivalent à ce qu’aurait fait Soldani-Benzi, et plus précis que ce qui n’a encore jamais été fait ». On peut supposer que Lord Parker fut satisfait du résultat puisque dans la foulée il commande à Cipriani une paire de bustes représentant deux personnages de l’histoire romaine, dont les originaux antiques sont aujourd’hui conservés au Musée des Offices : Geta et Plautilla (fig. 2 et fig. 3). Cette paire de bustes, exécutée par le sculpteur en 1722 était destinés à la galerie que le duc de Macclesfield construisait au château de Shirburn (Oxfordshire). Les autorités grand-ducales encadraient strictement la reproduction des œuvres pour protéger les originaux autant que pour exploiter ce patrimoine aux fins du prestige international. Lord Parker obtint l’autorisation de mouler directement le buste de Plautilla, avec la consigne de le détruire ou de l’emporter, afin que d’autres exemplaires ne se répandent pas dans Florence en grand nombre. Ce buste était destiné à être mis en pendant avec celui d’Antinoüs mais, du fait d’une omission, Lord Parker dut se rabattre sur celui de Geta. Une première paire fut ainsi fondue, dite « Paire Macclesfied » (vente Christie’s, Londres, 1er décembre 2005, n° 81, localisation inconnue). Notre paire est la deuxième version fondue par Cipriani d’après ces moules.
Le sculpteur reproduit ainsi dans le bronze avec une grande justesse les bustes antiques de Plautilla et Geta. Ces deux personnages aux destins tragiques respectivement épouse et frère de l’empereur Caracalla sont tous les deux victimes du despote et assassinés sur son ordre. Les fontes sont d’une qualité exemplaire et d’une grande précision. On remarque une technique, quant au travail de ciselure à froid, parfaitement similaire entre « la paire Macclesfield » et la paire que nous présentons. Si Cipriani s’applique à reproduire l’héritage du savoir-faire florentin appris aux côtés de Soldani, on lui reconnait ici une approche très minutieuse du travail de ciselure à froid qui lui est particulière et que l’on pourrait comparer au travail des orfèvres de l’époque. Si au niveau des carnations et des drapés, la surface du bronze est laissée libre, vierge de toute intervention après la fonte, Cipriani souligne, dans les chevelures et les sourcils, chacune des mèches par de multiples petites incisions parallèles les unes aux autres. On retrouve également dans les deux paires de bustes le même travail d’une grande maitrise de ciselure dans la totalité du blanc, des iris et des pupilles des yeux. On pourrait presque considérer cette inhabituelle technique comme une signature, tant elle est singulière.