Paris, pour Vincent Sertenas, 1547.
TITE LIVE.
Le Premier livre de la première Décade… des histoires depuis la ville fondée, traduit de Latin en Francois, par Iaques Gohori Parisien.
Paris, Gilles Corrozet, 1548.
2 ouvrages en un volume in-4, veau acajou orné dans le genre Du Seuil avec double encadrement à froid, fleurons dorés aux angles et sénestrochère doré au centre des plats, dos à 8 nerfs orné de petites fleurettes dorées, étiquette de parchemin avec le titre Cyropedie à l’encre (Reliure de l’époque).
Brun, 314 // Brunet, V-1498, Supplément I-876.
I. (8f.)-172f. / a4, +4, a-z4, A-V4 // II. (4f.)-66f. (mal chiffrés 65)-(4f.) / a4, A-Q4, R2, S4 // 163 × 224 mm.
Réunion des traductions françaises de deux ouvrages historiques antiques. Exemplaire de la bibliothèque de Marcus Fugger avec son ex- libris manuscrit.
La Cyropédie, c’est-à-dire « l’éducation de Cyrus », est davantage un roman politique qu’un ouvrage purement historique. Le général, historien et philosophe athénien Xénophon y trace le modèle d’un prince accompli et d’un gouvernement parfait (Larousse). Le Cyrus de la Cyropédie ne partage en effet que le nom avec le Cyrus historique que connut Xénophon et la monarchie équilibrée que prêche l’auteur est celle de Sparte et non la royauté despotique des Perses.
La traduction du grec en français est ici donnée par Jacques de Vintimille, né dans l’île de Cos vers 1512, conseiller au Parlement de Bourgogne. Banni comme suspect de tolérance à l’égard des protestants, il fut rappelé à ses fonctions grâce à Michel de L’Hôpital et permit à la Bourgogne d’échapper aux massacres de la Saint Barthélémy. Devenu veuf, il entra dans les ordres et mourut à Dijon en 1582. L’édition originale de cette traduction, ici à l’adresse de Vincent Sertenas, fut imprimée par Estienne Groulleau et partagée entre Groulleau lui-même, Sertenas et Jean Longis. Elle est illustrée de la marque de Sertenas sur le titre (Renouard, n° 1038) et de 89 belles lettrines gravées sur bois.
Le second ouvrage est l’édition originale de la traduction par Jacques Gohory du Premier livre de la première Décade de l’historien romain Tite-Live. Jacques Gohory, naturaliste, historien et poète né au début du XVIe siècle, se consacra à l’astrologie et aux sciences occultes. Ses travaux lui attirèrent des ennemis et il se retira du monde, adoptant le surnom de Solitaire ou Solitarius. Il mourut dans la pauvreté en 1576. La première Décade correspond aux dix premiers livres des Ab urbe condita libri (Histoire de la ville depuis sa fondation) de Tite-Live dans lequel l’auteur relate l’expansion de Rome. L’humaniste florentin Nicolas Machiavel avait déjà commenté ce texte au début du XVIe siècle, y trouvant matière à sa réflexion politique et l’image d’une république vertueuse.
L’édition de la traduction en français par Jacques Gohory fut donnée par Gilles Corrozet à Paris, en 1548, avec un privilège probablement partagé car Brunet la donne à l’adresse d’Arnoult L’Angelier. Elle est illustrée d’un bel encadrement gravé sur le titre et de 16 gravures sur bois dans le texte (en réalité 13 bois différents, dont 3 répétés) que Brun qualifie de curieuses, dans des encadrements gravés parfois très ornés. Plusieurs paraissent avoir été gravées pour ce livre, en particulier celle représentant la mort de Lucrèce (f. Q4v). L’illustration se complète de 12 lettrines gravées sur bois et de la marque de Corrozet (Renouard, n° 206) au verso du dernier feuillet.
Reliés ensemble, ces ouvrages traitant tous deux du gouvernement des cités sont la marque d’un amateur éclairé du XVIe siècle, dans la tradition de l’humanisme. Cet exemplaire provient de la bibliothèque de Marcus Fugger et porte au contreplat sa signature à l’encre Marcus Fuggerus. La reliure, faite pour ce bibliophile, est caractéristique des reliures dites simples que contenait sa bibliothèque, en veau orné d’un double encadrement à froid, de fleurons angulaires et d’un sénestrochère central à l’oiseau.
Issu de l’une des plus riches familles d’Allemagne, Marcus Fugger (1529- 1597), chef de la branche de Norndorf, fut banquier de la ville d’Augsburg et avait formé une bibliothèque de premier ordre. Il aimait les belles reliures et les ouvrages en langue romane, en français notamment, dont il possédait un grand nombre. Sa bibliothèque fut transmise vers 1650 à son beau-frère, le comte Ersnt d’Oettingen-Wallerstein, probablement par son petit-fils Marquart et resta ensuite dans cette famille. Une partie de ces ouvrages fit l’objet de quatre ventes aux enchères à Munich de 1933 à 1935.
Bel exemplaire malgré des restaurations anciennes au dos et des charnières abîmées. Quelques taches et un petit trou au titre du second volume.
Provenance :
Marcus Fugger (ex-libris manuscrit, II, 6-7 novembre 1933, n° 383) et princes d’Oettingen-Wallerstein (cachet sur le titre, cotes anciennes).