Un chef-d’œuvre de Chardin, icône du XVIIIe siècle français

Chardin
Jean-Siméon Chardin (1699-1779)
Le panier de fraises des bois
Huile sur toile Signée ‘Chardin’ en bas à gauche
38 × 46 cm
Vendu : 24 381 400 €
Expert : Cabinet Turquin

 

Le département Maîtres anciens & du XIXe siècle et le cabinet Turquin présenteront à la vente, le 23 mars prochain un chef-d’œuvre de Jean Siméon Chardin, Le panier de fraises des bois. Parmi les cent-vingt natures mortes environ conçues par l’artiste, les mêmes objets ou fruits, gobelets d’argent, théières, lièvres, prunes, melons, pêches, sont souvent représentés. Cette nature morte est la seule de Chardin à proposer des fraises comme sujet principal.

 

S’imposant comme une icône de la peinture occidentale, alliant une composition d’une grande simplicité géométrique, une qualité d’exécution exceptionnelle et une rareté du sujet, elle a été exposée par l’artiste au Salon de 1761, redécouverte par François-André ou Eudoxe Marcille un siècle plus tard, avant de disparaître de la vue du public jusqu’aux rétrospectives du XXe siècle à Paris. Passé sous silence au moment de sa création, Le panier de fraises des bois est devenu avec le temps une des images les plus célèbres et emblématiques du XVIIIe siècle français, régulièrement reproduite sur la couverture des catalogues consacrés à l’artiste.

 

 

Ce tableau est l’un des chefs-d’œuvre de la collection Marcille, qui comprenait près de 4.500 tableaux, dont 40 toiles de Boucher, 30 de Chardin, 25 de Fragonard... Resté dans la descendance d’Eudoxe Marcille jusqu’à aujourd’hui, c’est l’un des tableaux les plus importants du XVIIIe siècle français encore en mains privées.

 

Admiré pour le silence de ses œuvres, la poésie de ses représentations des objets du quotidien, véritable invitation à la méditation, en retrait de l’agitation de son siècle, Chardin concentre dans cette toile tous ces éléments, faisant de celle-ci une image unique à son époque.

 

Le sujet, presque moins important que la représentation de formes et de volumes, comme le cylindre du verre ou la pyramide de fraises, n’en reste pas moins exceptionnel dans l’œuvre de l’artiste. Héritier des rares représentations de coupes de fraises par les peintres nordiques et français au XVIIe siècle, tels que Jacob van Hulsdonck, Adriaen Coorte ou Louyse Moillon, ce tableau fait la synthèse entre deux siècles tout en basculant résolument vers la modernité.

 

La virtuosité du peintre s’exprime dans l’incroyable transparence de l’eau dans le verre, le rendu des fruits à la fois précis et flou, par une seule masse, le tout mis en relief par les taches blanches des deux œillets dont la tige brise la régularité. Le tableau présenté est directement comparable au Panier de prunes (Paris, musée du Louvre) et au Verre d’eau et cafetière (Pittsburgh, Carnegie Institute of Art), datés de la même période et considérés comme des chefs-d’œuvre absolus. Cette modernité des natures mortes de Chardin trouvera un écho important au moment de l’Impressionnisme notamment chez Fantin-Latour, Monet, Renoir… Et la rigueur de ses compositions géométriques se retrouvera au XXe siècle chez Cézanne, Morandi, jusqu’à Wayne Thiebault.

 

De Diderot aux frères Goncourt, cette toile est passée sous la plume des plus illustres critiques de leurs temps  comme en témoigne cet écrit d’Edmond et Jules de Goncourt :

 

« Et c’est là le miracle des choses que peint Chardin : modelées dans la masse et l’entour de leurs contours, dessinées avec leur lumière, faites pour ainsi dire de l’âme de leur couleur, elles semblent se détacher de la toile et s’animer, par je ne sais quelle merveilleuse opération d’optique entre la toile et le spectateur dans l’espace. »
Edmond et Jules de Goncourt, « Chardin », Gazette des Beaux-Arts, Paris, juillet 1863, p. 514 et suiv.

 

 

Informations
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Vente aux enchères
Mercredi 23 mars 2022, à 18h

 

Contact
Matthieu Fournier
Tél. +33 1 42 99 20 26