PROUST Marcel. LETTRE AUTOGRAPHE A JACQUES RIVIÈRE. [25 octobre 1922] ;
2 pages in-12.
L'une des trois dernières lettres à l'encre de Marcel Proust à Jacques Rivière, d'une main fatiguée, quelques jours avant sa mort.
Cette lettre marque la rupture entre les deux amis que furent Marcel Proust et Jacques Rivière, elle témoigne de la détresse dans laquelle se trouvait l'écrivain à la fin de sa vie.
Le 25 octobre 1922, Proust reçoit les premières épreuves du " Sommeil d'Albertine " destinées à la N.R.F. auquel il avait ajouté un passage titré " Mes réveils ". Ne trouvant pas à son goût le dernier passage et oubliant qu'il n'avait pas donné à Rivière d'instructions, ni de changements, il lui fit des reproches d'une sévérité inhabituelle.
... " Je profite d'un intervalle de quintes ... pour vous dire que, dans ce que vous m'envoyez de " Mes Réveils " est rien ... ne mettez rien des dernières lignes ... ne laissez pas une seule des lignes d'Eliot et ces crétineries ... il faut une fin frappante ...
Et puis Jacques, laissez un malheureux qui n'en peut plus ... vous m'avez trompé en faisant croire à des corrections dont aucune n'a été faite. Laissez-moi, ma souffrance aujourd'hui va jusqu'à la détresse. Je n'ai plus confiante en vous !! ...
Dans un post-scriptum écrit vraisemblablement quelques heures plus tard, Marcel Proust fait l'effort de s'excuser.
... " Pardonnez-moi mais on vous prend en haine quand on voit que la vie des autres, l'âme des autres n'existe pas pour vous, mais seulement dix lignes, quand même elles seraient si mauvaises qu'elles détruiraient tout " ...