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Edmond AMAN-JEAN Paris, 1858-1936
Jeune fille à la robe au voile
Estimation :
20 000 - 30 000 €

Description complète

Jeune fille à la robe au voile
Huile sur toile (Toile d'origine)

Signée ‘Aman Jean.’ en bas à gauche

Toile de la maison Chabod, Paris


Young woman with a veil dress, oil on canvas, signed, by E. Aman-Jean

69.88 x 31.29 in.

177.5 cm x 79.5 cm
Provenance :

Vente anonyme ; Saint-Dié-des-Vosges, Me Morel, 22 mars 2015, n° 208 ;

Galerie Talabardon et Gautier, Paris ;

Leur vente, Paris, Hôtel Drouot, Ader, 21 mars 2023, n° 155 ;

Acquis lors de cette vente par l'actuel propriétaire ;

Collection particulière, Paris

Expositions :

Salon de la Société Nationale des Beaux-Arts, Paris, 1893, n° 11

Internationalen Kunst-Austellung des Vereins bildener Künstler Münchens (A.V.) « Sécession », Munich, 1893, n° 6b (fragment d’étiquette au dos)



Bibliographie :

Raoul Sertat, « Revue artistique. Le Salon du Champ de mars », Revue Encyclopédique, recueil documentaire et illustré, Paris, 1er juin 1893, p. 325-326, repr.

Henri Bouchot, « Les Salons de 1893 », Gazette des Beaux-Arts, 1er juin 1893, p. 479, repr.

Georges Cochet, « La Peinture à Munich, Sécession », L’œuvre d’art, 20 septembre 1893, p. 2, repr.

Patrick-Gilles Persin, Aman-Jean : peintre de la femme, Paris, 1993, n° 118, p. 93, repr.


Commentaire :

Si Edmond Aman-Jean a consacré l’essentiel de son œuvre à la femme, première muse de l’Art nouveau et du Symbolisme, il en offre le plus souvent une image réservée, distante, parfois mystérieuse, comme pour en accroitre le pouvoir de séduction. Élève d’Henri Lehmann à l’École des Beaux-Arts de Paris, l’artiste s’y lie d’amitié avec Alphonse Osbert, Alexandre Séon et Georges Seurat, avec lequel il partage un atelier et dont il laisse plusieurs portraits. Grâce à une bourse de voyage obtenue en 1886, il visite l’Italie en compagnie d’Henri Martin et Ernest Laurent. Encouragé par Puvis de Chavannes, il voue une profonde admiration pour les maîtres de la première Renaissance italienne et affirme son goût pour les sujets d’inspiration idéaliste, un certain synthétisme appliqué au grand décor, dans une gamme chromatique volontairement restreinte. Exposant régulier au Salon, Aman-Jean est un fervent participant des Salons de la Rose+Croix organisés de 1892 à 1897 par le « Sâr » Joséphin Péladan. Adhérant aux principes esthétiques de ce dernier, le jeune peintre fréquente les milieux littéraires symbolistes et laisse un des plus beaux portraits connus de Paul Verlaine, dont il devient l’ami intime. 


Figurant le séduisant portrait en pied d’une jeune fille, notre grand tableau appartient bien à la part la plus idéaliste de la production d’Aman-Jean. L’artiste y déploie tout l’art de ses compositions verticales, où le modèle se détache avec une grâce retenue sur un fond décoratif vibrant de nuances. Drapée d’une longue robe ivoire rehaussée de broderies subtiles, la jeune femme se tient légèrement de trois quarts, une main posée sur la hanche, l’autre abandonnée le long du voile diaphane qui tombe de son épaule. Sa tête doucement inclinée, son regard rêveur perdu dans une méditation silencieuse, rappellent ces héroïnes idéalisées qui peuplent l’univers poétique du peintre. Autour d’elle, Aman-Jean éveille un décor floral à peine esquissé, où les bleus, les mauves et les roses s’entremêlent comme dans un souvenir ou un parfum. À l’instar des grands portraits symbolistes de la fin du siècle, ce fond n’est pas un simple environnement mais la projection même de l’âme du modèle : un espace suspendu où la nature semble se dissoudre en volutes colorées qui ne sont pas sans témoigner de l’intérêt qu’éprouve Aman-Jean pour les théories néo-impressionnistes de Seurat. En quelques touches libres et mouvantes, le peintre insuffle à la surface de la toile un miroitement presque musical, un frémissement aérien qui enveloppe délicatement la figure. La composition associe ainsi avec une grande subtilité l’élégance mondaine du costume et une douceur psychologique toute intérieure. L’artiste, fidèle à son esthétique de la suggestion, renonce ainsi à tout effet narratif pour privilégier la pure présence, la poésie d’un geste suspendu. Exposée au Salon de la Société Nationale des Beaux-arts de 1893, peu avant d’être présentée à la Sécession de Munich, notre toile suscite les éloges d’Henri Bouchot dans la Gazette des Beaux-Arts, le critique ne manquant pas de remarquer « la pensée attendrie et respectueuse d’Aman-Jean, le charme immatériel et la pratique douce et quasi uniforme » en saluant la présence si singulière « des figures conservées tout juste pour y marquer l’âme1. »


1- Henri Bouchot, « Les Salons de 1893 », Gazette des Beaux-Arts, 1er juin 1893, p. 479.

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