Signée, localisée et datée ‘Drölling / Rome / 1814’ en bas à droite
Porte une étiquette ‘n° 71’ ainsi qu’une seconde étiquette du transporteur ‘Martinspeed Limited’ au verso
Portrait of a young boy, oil on canvas, signed, localised and dated, by M. M. Drölling
18.90 x 14.57 in.
Collection du peintre Auguste Jean-Baptiste Vinchon (1789-1855) ;
Puis par descendance ;
Vente anonyme ; Tours, étude Odent, 11 octobre 1998, n° 44 (adjugé 720 000 Frcs) ;
Chez Simon Dickinson, Genève et Londres en 1999 ;
Acquis auprès de ce dernier par l'actuelle propriétaire ;
Collection particulière, France
Carole Blumenfeld, « Les conseils avisés d’un peintre à son fils : la correspondance entre Martin Drölling (1752-1817) et Michel-Martin Drölling (1786-1851) », Bulletin de la Société de l’Histoire de l’Art français, année 2009, 2010, p. 284 et 319.
Par une heureuse coïncidence, notre tableau réapparaît alors que le musée du Louvre vient de se porter acquéreur de l’admirable portrait de la jeune Caroline Hayard peint à Rome en 1816 par Michel Martin Drölling (fig. 1)1.
Réalisé deux années plus tôt, notre portrait présente une touche encore plus enlevée et audacieuse, proche de l’esquisse, qui annonce le romantisme, simultanément aux premières œuvres fulgurantes de Théodore Géricault. Après l’obtention du Prix de Rome en 1810, Drölling séjourne à la Villa Médicis, du printemps 1811 à juin 1816. Dès les premiers mois, il s’enthousiasme et partage son ravissement avec son père Martin Drölling (1752-1817), également peintre, dans un courrier qu’il lui adresse le 3 mai 1811 : « Je t’écris du paradis car je ne crois pas qu’il existe au monde pays plus beau que celui de Rome. Les expressions manquent pour t’exprimer mon admiration »2. Cette correspondance apporte un témoignage intéressant sur les conditions de travail des pensionnaires de l’Académie. Dans une lettre en date du 7 septembre 1814 également adressé à son père, il évoque notre tableau qui est ajouté à l’expédition vers Paris de son Philoctète à l’île de Lemnos (localisation actuelle inconnue), son envoi de deuxième année : « j’ai profité de l’envoie pour y joindre 2 têtes d’études : une femme en habit de paysanne du royaume de Naples et l’autre un petit garçon qui a les cheveux rouges. Cette dernière a été faite en une matinée. Informe-toi bien du jour où tout cela arrivera afin de retirer les deux têtes en question car je ne veux pas qu’elles soient exposées, elles n’en valent pas la peine »3. Si, du fait que cela soit une étude, Drölling ne souhaite pas qu’il soit montré au côté de son tableau d’histoire, notre toile témoigne néanmoins de la virtuosité du jeune peintre qui brosse en quelques heures les traits du jeune garçon. Les fonds, les cheveux « rouges » et la redingote, encore esquissés, révèlent par contraste le visage fort habilement exécuté.
On ne sait dans quelles conditions Auguste Jean-Baptiste Vinchon (1786-1855), peintre officiel sous la Restauration et la monarchie de Juillet, parvient à obtenir cette œuvre. Notre tableau date de l’année à laquelle Vinchon reçoit le premier prix de Rome. Il y séjourne de 1816 à 1818. Les deux peintres fréquentant les mêmes réseaux académiques, il est probable que Vinchon ait pu le voir lors de l’arrivée à Paris de l’envoi de deuxième année de Drölling. Dans la vente qui eut lieu à Tours le 11 octobre 1998 se trouvaient, outre notre tableau, des portraits de proches, des esquisses et quelques œuvres italiennes de Vinchon provenant de la famille de l’artiste. Est ainsi vendu un portrait d’enfant aux cheveux roux, copie de notre tableau, attribué à Auguste Jean-Baptiste Vinchon (lot n° 45). S’il s’agit bien d’une œuvre de Vinchon, il est permis de penser qu’il ait voulu se servir de l’œuvre de Drölling comme modèle, dans le cadre des travaux imposés par la formation académique.
1.Michel Martin Drölling, Portrait de Caroline Hayard, 1816, huile sur toile, 46 x 37 cm, musée du Louvre, RFML.PE.2025.4.1. Voir sur ce tableau : Côme Fabre, « Ultime commande romaine pour Drölling », Grande Galerie le Journal du Louvre, n°71, été 2025, p. 24-25. Caroline Hayard était la fille de Charles et Suzanne Hayard, fabricants de couleurs et de toiles à peindre installés dans la ville éternelle.
2.Carole Blumenfeld, « Les conseils avisés d’un peintre à son fils : la correspondance entre Martin Drölling (1752-1817) et Michel-Martin Drölling (1786-1851) », Bulletin de la Société de l’Histoire de l’Art français, année 2009, 2010, p. 291.
3.Ibid., p. 318-319.