Collection Haritonenko, Russie, confisqué en 1918, déposé au musée Roumiantsov à Moscou, puis transféré au musée Pouchkine et vendu en 1928 ;  

Collection de monsieur Léon Bloch en 1935 ;

Vente anonyme ; Paris, Hôtel Drouot, Me Millon et associés, 18 juin 2010, n°42  ;

Acquis lors de cette vente par les actuels propriétaires

Salon de 1771, n° 61 (plusieurs portraits sous le même n°)

L'exposition de l'art français au XVIIIe siècle, Copenhague, palais de Charlottenborg, 1935, n° 55 (appartenant à monsieur Léon Bloch)

Louis Réau, "Catalogue de l'art français dans le musées russes", Bulletin de la Société de l'histoire de l'art français, 1928, p. 238, n° 515

Elles, portraits de femmes dans les collections publiques du Limousin, cat. exp., Guéret, musée d'art et d'archéologie, 2000, n° 14 (cité p. 72)

En 1762, la publication de l’ouvrage de Jean-Jacques Rousseau, L’Émile, marque un tournant dans l’éducation des enfants au XVIIIe siècle. L’auteur présente l’enfant comme un être à part entière et fait de la période de l’enfance un moment essentiel dans la formation de l’être adulte, il participe ainsi à une modification des relations familiales et de leur représentation vers une plus grande intimité empreinte de tendresse et de spontanéité. François-Hubert Drouais, après être passé dans les ateliers de son père Hubert Drouais, du portraitiste Donat Nonnotte, de Carle van Loo et de François Boucher, devient célèbre grâce au Portrait du duc de Berry et du comte de Provence (conservé au Museu de Arte à Sao Paulo) exposé au Salon de 1757. L’image de ces deux jeunes princes en robe et bonnet de dentelle, assis dans un parc près d’un panier de pêches et d’un chiot, témoigne de l’aptitude de Drouais à rendre le charme de l’enfance. Il devient le portraitiste préféré de la cour de Louis XV, entre Nattier vieillissant et Élisabeth Vigée-Le Brun, et le spécialiste des portraits d’enfants traités plutôt comme figures de genre que véritables portraits. Les modèles sont représentés à mi-corps, souvent accompagnés d’un jouet ou d’un petit animal et s’adonnent aux occupations de leur âge. Ces représentations rencontrent un grand succès, le Mercure de France, en 1767, écrit : « Le peintre des enfants est celui de la simple nature, et qui la sait imiter comme M. Drouais atteint la perfection de son art ». Ces jeux de l’enfance très prisés ont inspiré de nombreux artistes d’Antoine Watteau à Jean-Honoré Fragonard. Daté de 1770, notre tableau est vraisemblablement celui exposé au salon de 1771 (n° 61) avec son pendant, le Petit garçon présentant son polichinelle (également daté de 1770, de localisation inconnue). La description donnée par le critique Mathieu-François Pidansat de Mayrobert correspond à la description du tableau à l’exception du sexe de l’enfant: « M. Drouais: aussi fécond que varié dans ses caricatures, nous a donné des bambochades de toute espèce. D’un côté c’est un petit garçon qui montre son cul, de l’autre c’est son pendant que porte un polichinelle sur son dos: là une petite fille met du rouge & des mouches à son chat; ici sa compagne joue avec son chien.» (cf. Les Salons de Bachaumont, introduction et analyse par Fabrice Faré, Paris, 1995, p.28). Notre tableau montre bien une petite fille à la mine mutine et aux cheveux courts, relevant sa chemise. La légèreté spirituelle de la composition symbolise l’art français du XVIIIe siècle et permet de comprendre le succès rencontré par ce tableau gravé par Antoine François Hémery et le nombre de répliques répertoriées.

Cette fiche a été rédigée grâce à la notice du catalogue François-Hubert Drouais établi par le spécialiste de l’artiste, feu Laurent Hugues.