Galerie Nathalie Obadia, Paris

Collection Florence et Daniel Guerlain, Les Mesnuls (acquis directement auprès de la galerie)

FR

La série des Intérieurs (2000) offre à la vue de petites filles à peine esquissées, ressemblant étrangement à de vieilles dames. Le souvenir des Ménines de Vélasquez y rencontre celui des Vieilles de Goya. L’artiste dit avoir réalisé ces tableaux très rapidement, d’un seul jet, sur une toile particulièrement fine. « Quand je les ai peintes, j’ai pensé que leur matière était proche d’une peau. Et j’imaginais qu’il fallait exécuter rapidement ces peintures, comme pour leur épargner une trop grande souffrance ». Nées de l’atmosphère brouillée du rêve, ces fillettes blafardes aux allures de sorcières exhalent un parfum d’enfance mêlé à « celui des fleurs de cimetière ». Sombre revers du décor, les Intérieurs annoncent la comédie grinçante des Bourreaux (2009-2010) et des Suicides (2002-2010). Illustrant différentes manières de mettre fin à ses jours - l’arme à feu, la pendaison, l’automutilation -, l’artiste instaure une vision de type carcéral conduisant tantôt au désespoir, tantôt à une sublimation par l’idiotie.

Laure Jaumouillé

EN

The Interiors series (2000) presents us with barely sketched little girls who bear a striking resemblance to old ladies. The memory of Velázquez's Las Meninas[9] meets that of Goya's Las Viejas[10]. The artist says he painted these pictures very quickly, in a single stroke, on particularly fine canvas. "When I painted them, I thought their texture was similar to skin. And I imagined that these paintings had to be executed quickly, as if to spare them too much suffering.‘ Born of the hazy atmosphere of dreams, these pale, witch-like girls exude a scent of childhood mixed with ’that of cemetery flowers". A dark flip side to the decor, the Interiors foreshadow the grim comedy of The Executioners (2009-2010) and Suicides (2002-2010). Illustrating different ways of ending one's life—gunshot, hanging, self-mutilation—the artist creates a prison-like vision that leads sometimes to despair, sometimes to sublimation through idiocy.