En bois sculpté et doré, le dossier et la ceinture ornés au centre d'une grenade éclatée inscrite dans un cartouche, les épaulements à motif de rinceaux fleuris, les pieds cambrés surmontés d'une palmette stylisée et terminés en enroulement feuillagé, garniture de damas de soie accidenté à décor floral sur fond crème ; renforts en ceinture
H. : 96,5 cm (38 in.)
l. : 72,5 cm (28 ½ in.)
Provenance :
René Weiller, Paris ;
Acquis auprès de la Galerie Hans Stiebel, Paris, en mai 1955 ;
Ancienne collection Robert Lehman (1891-1969) ;
Légués par ce dernier au Metropolitan Museum of Art, New York ;
Vente Christie's New York, le 17 juin 2012, lot 37 (USD 40.000) ;
Acquis au cours de cette dernière par le propriétaire actuel.
A pair of Louis XV giltwood fauteuils a chassis a la reine, attributed to Rene Cresson
Cette importante paire de fauteuils à la reine, aux proportions généreuses et à la sculpture particulièrement riche et vigoureusement découpée, est stylistiquement datable du style rocaille des premières années du règne de Louis XV, plus précisément dans les décennies 1730-1740. À cette époque, les sièges étaient fréquemment non estampillés, la réglementation imposant l’apposition de la marque des maîtres menuisiers par la corporation parisienne n’ayant été véritablement appliquée qu’à partir de 1743.
Bien que non estampillée, notre paire peut être attribuée à la production de la dynastie des Cresson, et plus particulièrement à René (1705-1749), membre de cette famille éponyme active dans l’atelier de la rue de Cléry tout au long de la première moitié du XVIIIe siècle. Le motif de la grenade éclatée qui orne le dossier et la ceinture de nos fauteuils, tout comme la ceinture saillante à profil relevé, peut être considéré comme une véritable signature de leurs ateliers. On retrouve ce décor, avec d’infimes variations, sur un grand nombre de sièges exécutés par ce célèbre menuisier, tels que :
- une paire de fauteuils à la reine estampillée par René Cresson, vendue à Paris, Hôtel Drouot, le 15 décembre 1998 (cfr. P. Kjellberg, Le Mobilier Français du XVIIIe siècle, Les Éditions de l’Amateur, Paris, p. 241) ;
- une seconde paire estampillée provenant de l’ancienne collection Wildenstein, vendue chez Christie’s Londres, le 14 décembre 2005, lot 359 ;
- ou encore une dernière paire attribuée, vendue chez Sotheby’s New York, le 23 novembre 2009, lot 92, puis plus récemment chez Artcurial Paris, le 14 juin 2023, lot 18 (€ 55.104).
UNE PROVENANCE PRESTIGIEUSE : ROBERT LEHMAN (1891-1969)
La rareté de notre modèle est accrue par sa provenance prestigieuse. En effet, ils figuraient dans les collections du grand financier, philanthrope et collectionneur d’art américain Robert Lehman (1891-1969).
À la suite de son décès, le contenu de son hôtel particulier new-yorkais, à l’instar de nos fauteuils, fut légué au Metropolitan Museum of Art. Cette donation, d’une ampleur remarquable, rassembla environ 2.600 œuvres d’art acquises par Robert Lehman ou par son père Philip (1861-1947).
La collection Lehman couvre des domaines variés : peintures européennes, majoliques italiennes, dessins de maîtres et mobilier ancien. En 1975, le Metropolitan Museum inaugura la Robert Lehman Wing, une aile spécialement construite pour accueillir cette prestigieuse collection. Conçue pour évoquer l’atmosphère des salons privés de la famille Lehman, elle témoigne du goût raffiné et du discernement de cette illustre famille de collectionneurs américains.