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Francesco BARBIERI, dit le GUERCHIN Cento, 1591 – Bologne, 1666
La Samaritaine au puits
Estimation :
300 000 - 500 000 €

Description complète

La Samaritaine au puits
Huile sur toile

(Restaurations)


The Samaritan woman at the well, oil on canvas, by F. Barbieri called Guercino

32.48 x 27.16 in.

82.5 cm x 69 cm
Provenance :

Collection de Louis Guiguer, baron de Prangins (1675-1747), fondateur de la banque Tourton et Guiguer ;

Puis par descendance ;

Acquis auprès de l’arrière-arrière-petit-fils du baron de Prangins en 2015 par l’actuelle collectionneuse ;

Collection particulière, Suisse

Bibliographie :

Nicholas Turner, The painting of Guercino, A revised and expanded catalogue raisonné, Rome, 2017, p. 337, n° 80.I

Commentaire :

Trois siècles se sont écoulés depuis l’entrée de notre tableau dans la collection du banquier Louis Guiguer, très certainement à Paris, et fort probablement auprès du peintre et collectionneur Nicolas de Largillierre auprès duquel le banquier suisse acquit de nombreuses toiles. La passion des collectionneurs français, le roi Louis XIV en tête, pour la peinture bolonaise du début du XVIIe siècle est bien connue et notre toile s’intègre dans cette mouvance. Louis Guiguer, d’une famille originaire du canton de Thurgovie dans le Nord-Est de la Suisse, naît à Lyon où son père avait émigré et fait fortune dans le commerce du textile. Lui-même réalisa de nombreux investissements commerciaux, dans la Compagnie des Indes, les mines, et le textile et reste surtout célèbre pour avoir créé la banque Tourton et Guiguer vers 1703. Son activité financière est intimement liée à celles des familles genevoises Tronchin et Thellusson et c’est naturellement dans cette région qu’il prospecte l’achat d’un fief capable d’assoir sa position et sa fortune. Il fait édifier à Prangins une magnifique propriété qui reste encore aujourd’hui la plus belle et la plus importante de la rive suisse du Léman. Caricature d’un banquier fortuné qui profite d’une gestion calamiteuse et déléguée par la couronne à des privés lors des moments difficiles de la guerre de succession d’Espagne (1701-1715), Louis Guiguer choisit le pinceau de Largillierre1 pour faire éclater sa réussite (Fig.1) dans cet âge d’or des fermiers généraux, banquiers et fournisseurs aux armées.


Dans son catalogue raisonné, Nicholas Turner hésite sur le statut de notre Samaritaine. Il ne l’avait probablement pas examiné de visu au moment de la publication et n’établit pas avec certitude la chronologie de notre tableau par rapport à la composition définitive connue par deux versions, l’une conservée à Detroit2 et l’autre au Kimbel Art Museum de Forth Worth3 (fig.2). Il se demande si notre toile constitue une étude, un fragment d’une troisième version complète ou juste une reprise du motif. L’examen attentif du tableau décadré permet aujourd’hui d’exclure l’idée du fragment. Les repentirs relevés par Nicholas Turner dans son catalogue raisonné nous permettent de conclure qu’il s’agit d’une étude précédant la composition finale.

Le rendu évanescent, la palette profonde et les sfumati utilisés sont ceux des plus belles années du peintre, autour de 1620. C’est à cette époque qu’il peint ses tableaux les plus émouvants en répondant aux appétits d’éminents collectionneurs à Rome. Le cardinal Ludovico Ludovisi, compatriote bolonais et neveu du pape Grégoire XV, qui lui commande entre autres le célèbre plafond du casino de l’Aurore n’est pas le moins célèbre. Guerchin peint ici avec cette technique si originale, marquée par des rouges cramoisis, des bleus ardoise et des carnations extrêmement nuancées, inspirée par le travail de Ludovico Carrache. Dessinateur compulsif, Guerchin a évidemment pensé longuement l’élaboration de son modèle et le dessin conservé à Munich4 (Fig.3) illustre les changements de positions retenus dans la composition finale.


Le sujet de la Samaritaine au puits est un thème fort de la Contre-réforme qui traduit son ambition ‘expansionniste’. En effet au début du premier siècle le peuple de Samarie (situé au Nord de la Judée) entretient des relations conflictuelles avec le peuple juif. L’ouverture d’esprit du Christ qui demande de l’eau à la Samaritaine - tout comme l’illustration de la générosité du bon samaritain que le Christ évoque devant les prêtres – a pour ambition de rassembler les peuples. La tension du corps de la Samaritaine, tout entier porté vers la figure du Christ dans notre tableau illustre que la vocation de celui-ci à rassembler les peuples et donner à boire : « Toute personne qui boit de cette eau-ci aura encore soif » (Jean 4.13).


1-    Musée national suisse, Zurich

2-    Guerchin, Le Christ et la Samaritaine, huile sur toile, 100,5 x 137,2 cm. Detroit Institute of Art, inv. n°26.108.

3-    Guerchin, Le Christ et la Samaritaine, huile sur toile, 97,2 x 124,8 cm. Fort Worth, Kimbell art Museum, inv. n°AP 2010.01

4-    Staatliche Graphische Sammlung, Munich, n° d’inv. 424502, référencé dans Turner, 2017, n°80.II.a




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