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Tatiana TROUVÉ (1968-) (né en 1968)
Untitled (from the series Intranquility) - 2012
Estimation :
30 000 - 50 000 €

Description complète

Untitled (from the series Intranquility) - 2012

Crayon noir, cordeau à tracer et collages sur papier marouflé sur toile

125 x 200 cm


Black pencil, chalk line and collages on paper mounted on canvas

49.21 x 78.74 in.

Provenance :

Perrotin, Paris

Acquis directement auprès de cette dernière par l'actuel propriétaire

Expositions :

Paris, Centre Pompidou, Tatiana Trouvé, Le grand atlas de la désorientation, 8 au 22 juin 2022

Commentaire :

"Toutes les choses que je réalise sont reliées les unes aux autres".


Tatiana Trouvé, O dico Io - I say I. Female Artists and Self-Representation, catalogue d'exposition, Rome, La Galleria Nazionale, 2021, p. 546-547


FR


Un souvenir n’est jamais parfaitement parfait et lorsqu’on tente de revenir sur celui-ci, le présent l’altère irrémédiablement. C’est dans cette subtilité propre à Tatiana Trouvé que s’organise son travail à travers différentes idées.

Fille d’architecte et artiste, Tatiana Trouvé puise son inspiration principalement dans l'architecture moderniste et le Bauhaus. La découverte et l’étude des dessins et collages de Mies Van der Rohe vont avoir un impact majeur sur la suite de ses travaux.

Dès ses premiers travaux, l’approche artistique de l’artiste franco-italienne Tatiana Trouvé s’observe à travers le prisme de l’esthétique administrative et notamment de l’infra-ordinaire, idée développée par Georges Perec désignant les objets du quotidien banals et visibles mais devenus invisibles que l’artiste réutilise dans son travail.

Tatiana Trouvé réinterprète ces infra-ordinaires où l’objet sort de son quotidien et de sa fonction dans un traitement quasi surréaliste et extrêmement détaillé. Les objets dans ses dessins semblent flotter, le spectateur en est presque désorienté, parfois déséquilibré face à eux.

Les sculptures ou objets sont mis en tension dans les installations et évoquent l’univers SM, le poste de vidéosurveillance, la prison, et transcendent la logique de simple fonction d’usage. L’utilisation de matériaux non nobles par essence tels que les prises, câbles électriques, etc., constitue le vocabulaire spécifique de cette artiste révélant alors un quotidien et un univers industriel.

Les éléments propres à chaque dessin semblent être assemblés sans logique à travers une association d’idées où souvenirs et rêves se déforment, mutent et se structurent autour de deux dimensions. Ces dessins, qui sont parfois presque des maquettes des installations de Trouvé, font vaguement écho à des bureaux, usines, salles de sport, piscines, etc. L’utilisation dans ses dessins de divers papiers, collages, aluminium, eau de javel et étain altérant ces derniers démontrent le savoir-faire revendiqué par l’artiste.

Les perspectives sont multiples dans son œuvre et offrent un espace en rotation. L’artiste peut ainsi défier les lois physiques de la gravité et de la perspective, brisant la barrière entre réalité et imaginaire. La série Remanence fonctionne comme un révélateur photographique pour l’artiste et donne l’impression d’être immergé dans un trou noir, dans une atmosphère presque kafkaïenne qui laisse apparaître progressivement des images parfois improbables. « Quand on dessine avec du noir, on est aspiré par la profondeur, comme dans un tunnel, c'est presque un travail en trois dimensions », déclare Tatiana Trouvé.

Sans cesse, ses œuvres font écho à cette esthétique et dès lors, les installations naissent des dessins et les dessins des installations. Ses travaux se nourrissent entre eux, tant ses dessins que ses « polders » (sculptures, installations ou objets définis comme étant des espaces inutiles, ni trop petits ni trop grands). L’artiste souhaite ainsi montrer les relations et la porosité entre les sculptures et son travail graphique. C’est à travers cette esthétique unique et poétique que l’artiste nous questionne sur notre conscience et existence.

Sans cesse, ses œuvres font écho à cette esthétique et dès lors, les installations naissent des dessins et les dessins des installations. Ses travaux se nourrissent entre eux, tant ses dessins que ses « polders » (sculptures, installations ou objets définis comme étant des espaces inutiles, ni trop petits ni trop grands). L’artiste souhaite ainsi montrer les relations et la porosité entre les sculptures et son travail graphique. C’est à travers cette esthétique unique et poétique que l’artiste nous questionne sur notre conscience et existence.



EN


A memory is never perfect, and when we try to return to it, the present irreparably alters it. It is in this subtlety that Tatiana Trouvé organizes her work through different ideas.

The daughter of an architect and an artist, Tatiana Trouvé draws her inspiration mainly from modernist architecture and the Bauhaus. The discovery and study of Mies Van der Rohe's drawings and collages were to have a major impact on her subsequent work.

From her earliest works, Franco-Italian artist Tatiana Trouvé's artistic approach has been observed through the prism of administrative aesthetics and, in particular, the infra-ordinary, an idea developed by Georges Perec to designate everyday objects that are banal and visible but have become invisible, which the artist reuses in her work.

Tatiana Trouvé reinterprets these infra-ordinaries, in which the object emerges from its everyday existence and function in a quasi-surreal, extremely detailed treatment. The objects in her drawings seem to float, leaving the viewer almost disoriented and sometimes unbalanced.

The sculptures or objects in the installations are placed in tension, evoking the world of SM, the video surveillance station, the prison, and transcending the logic of simple function. The use of essentially non-noble materials such as sockets, electrical cables, etc., constitutes the artist's specific vocabulary, revealing an everyday and industrial world.

The elements of each drawing seem to be assembled without logic through an association of ideas in which memories and dreams are distorted, mutated and structured around two dimensions. These drawings, which are sometimes almost models of Trouvé's installations, vaguely echo offices, factories, sports halls, swimming pools and so on. The use of various papers, collages, aluminum, bleach and tin in his drawings demonstrates the artist's claimed expertise.

The multiple perspectives in his work offer a space in rotation. The artist can thus defy the physical laws of gravity and perspective, breaking down the barrier between reality and imagination. The Remanence series functions like a photographic revelator for the artist, giving the impression of being immersed in a black hole, in an almost Kafkaesque atmosphere that gradually reveals sometimes improbable images. “When you draw in black, you're sucked into the depths, like into a tunnel, it's almost like working in three dimensions,” says Tatiana Trouvé.

His work constantly echoes this aesthetic, and from then on, installations are born from drawings, and drawings from installations. His works feed off each other, both his drawings and his “polders” (sculptures, installations or objects defined as useless spaces, neither too small nor too large). The artist's aim is to show the relationship and porosity between his sculptures and his graphic work. It is through this unique and poetic aesthetic that the artist questions our consciousness and existence.



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