Huile sur toile
91 x 160 cm
Oil on canvas
35.82 x 62.99 in.
Galerie Nathalie Obadia, Paris
Collection particulière, Paris
Paris, Galerie Nathalie Obadia, Guillaume Bresson, 29 mai au 17 juillet 2010
Guillaume Bresson, Peintures / Paintings, Editions Flammarion, Paris, en partenariat avec la galerie Obadia, Paris-Bruxelles, 2025, reproduit planche 16
"Un montage de temporalités différentes, un symptôme déchirant le cours normal des choses."
Georges Didi Huberman, Devant le Temps: histoire de l'art et anachronisme des images, 2000
FR
L'œuvre de Guillaume Bresson favorise les frictions entre les représentations et les espace-temps. Sa série des batailles dans des zones urbaines en marge (Bresson est d'ailleurs issu de la culture graffiti et de la riche scène urbaine de Toulouse) en est un reflet parfait; elle l'a fait connaître à une période où la peinture figurative n'avait pas la popularité et la reconnaissance du monde de l'art contemporain.
"Je me base sur l’analyse de mon propre parcours social et sur ce que je sais de l’histoire de l’art, de la représentation picturale qui est toujours très liée à la représentation politique. ", déclare ainsi l'artiste.
Bresson utilise dans ses tableaux une technique qui rappelle fortement la peinture classique dans des compositions minutieuses qui décrivent des scènes modernes de violence urbaine à la manière de scènes historiques. Il s'inspire ainsi des tropes mythologiques et de la tradition de la peinture d'histoire (de Poussin au Caravage) pour rendre compte d'une réalité résolument contemporaine dans son style et dans ses références à des réalités telles que les émeutes urbaines et les combats de rue. Ses tableaux sont réalisés à partir de photographies soigneusement posées et travaillées avec des modèles et des acteurs. Elles transforment ces jeunes modernes en héros mythologiques, les couleurs et les marques de leurs baskets devenant les insignes héraldiques des clans qu'ils représentent.
Le réalisme et le détail de ces figures, combinés à un décor délibérément composé, contribuent à créer une fiction convaincante, sinon réaliste, articulée autour de structures compositionnelles complexes. Dans cet environnement fortement contrasté, presque limité à deux tons simples, des silhouettes émergent de l'obscurité et leurs corps exécutent une chorégraphie qui prend forme au milieu de parkings, de sous-sols et d'ensembles résidentiels.
Dans ces œuvres, c'est le point de vue des dominés, de la marge qui prévaut.
EN
Guillaume Bresson's work encourages friction between representations and space-time. His series of battles in urban fringe areas (Bresson's background is in graffiti culture and Toulouse's rich urban scene) is a perfect reflection of this; it brought him to prominence at a time when figurative painting lacked the popularity and recognition of the contemporary art world.
“I base my work on an analysis of my own social background and what I know about the history of art and pictorial representation, which is always closely linked to political representation. “says the artist.
Bresson uses a technique that strongly recalls classical painting in meticulous compositions which depict modern scenes of urban violence in the manner of historical scenes. He thus draws on mythological tropes and the tradition of history painting (from Poussin to Caravaggio) to convey a reality that is resolutely contemporary in its style and in its references to such realities as urban rioting and street fighting. His paintings are made using photographs that are carefully posed and worked out with models and actors. They turn these modern youngsters into mythological heroes, with the colours and brands of their trainers and sneakers becoming the heraldic insignia of the clans they represent.
The realism and detail of these figures, combined with the deliberately composed setting, work to create a convincing if not realistic fiction articulated around complex compositional structures. In this strongly contrasting environment almost limited to two simple tones, silhouettes emerge from darkness and their bodies perform a choreography that takes shape in the middle of car parks, basements and housing projects.
In these works, it is the point of view of the dominated, of the margin that prevails.