47
RÉPLIQUE DU FAMEUX COLLIER DIT « DE LA REINE », FIN DU XIXe-DÉBUT DU XXe SIÈCLE
D’après le modèle créé par les bijoutiers Böhmer et Bassenge pour la reine Marie-Antoinette
Estimation :
30 000 - 50 000 €

Description complète

RÉPLIQUE DU FAMEUX COLLIER DIT « DE LA REINE », FIN DU XIXe-DÉBUT DU XXe SIÈCLE
D’après le modèle créé par les bijoutiers Böhmer et Bassenge pour la reine Marie-Antoinette

En alliages d’argent et métal, serti de pierres d’imitation sur paillon, monté "en esclavage", formé d’une rivière soulignée de trois festons agrémentés d’importantes poires et une longue guirlande centrée d’un motif floral, se terminant par des pampilles de pierres rondes et piriformes retenues par des rubans noués, dans un cadre en bois sculpté et doré d'époque Louis XV

Dimensions (avec cadre) : 70 x 54 cm (27 ½ x 21 ¼ in.)


Provenance :

Ancienne collection Lucien Baszanger (1890-1971), joaillier à Genève ;

Son fils, André Baszanger (1915-2004), joaillier à Genève ;

Puis par descendance jusqu’au propriétaire actuel ;

Collection privée suisse.


Bibliographie :

C. Pascal, La Reine du Labyrinthe ou la vérité sur l’affaire du collier, Robert Laffont, 2024.


Expositions :

Tournage du film L’Affaire du Collier de la Reine, 1946;

Tournage du film Marie-Antoinette, Reine de France, 1955;

Château de Versailles, Marie-Antoinette, archiduchesse, dauphine et reine,

16 mai-2 novembre 1955;

Banque Lambers, Bruxelles, Les Femmes au temps de la Révolution française

(Vrouwen in de Franse Revolutie), 31 mars-15 mai 1989;

Fine Arts – La Biennale de Paris, Grand Palais Ephémère, 22 novembre-26 novembre 2023.


A late 19th-20th century version of the famous “Queen’s necklace", after the model created by jewelers Böhmer and Bassenge for Queen Marie-Antoinette, within a Louis XV carved giltwood frame


LE COLLIER DE LA REINE, UNE AFFAIRE ÉCLATANTE


Le vol du collier dit de la reine et le procès retentissant qui s’en est suivi ont marqué le crépuscule de l’Ancien Régime en France. Notre exemplaire est certainement le souvenir le plus spectaculaire de cette affaire où les passions et les faits s’entremêlèrent au point de la rendre presque incompréhensible.


Louis XV commande aux joailliers de la couronne, Böhmer et Bassenge, (francisation du patronyme Baszanger d’origine saxonne), un fabuleux devant de robe destiné à sa favorite la comtesse du Barry. Les deux associés se lancent

alors dans la plus fabuleuse collecte de diamants jamais entreprise afin de réunir, selon une estimation de la maison Linz Brothers réalisée en 1960, six-cent-quarante-sept diamants pour un poids total de deux mille huit-cent-quarante-deux carats.


À la mort du vieux roi le collier est proposé à son successeur. Louis XVI pense l’offrir à Marie-Antoinette, conserve l’écrin quelques semaines et le fait même expertiser par Maillard et d’Oigny qui jugent le prix demandé, près de deux millions de livres, trop élevé.

L’entrée de la France dans la guerre d’Indépendance américaine ruine les derniers espoirs des joaillers. Financièrement pris à la gorge, ils empruntent des sommes énormes au banquier Baudard de Saint-James et tentent désespérément de vendre le collier à une cour royale étrangère avant la fin de leurs échéances fixées au mois de février 1785.


C’est à ce moment critique qu’ils vont croiser la route d’une aventurière de haut vol, Jeanne de La Motte Valois, authentique descendante du roi Henri II et maitresse occasionnelle du Cardinal de Rohan. Éblouis par son nom et ses relations supposées avec la Reine, les deux hommes se déplacent chez elle, rue Saint-Gilles au Marais, le mardi 28 décembre 1784, pour lui présenter le collier et la supplier d’intervenir en leur faveur auprès de Marie-Antoinette.

Jeanne adopte alors une attitude distante mais forge aussitôt un plan machiavélique. Depuis plusieurs mois, elle soutire à Rohan des sommes d’argent importantes en lui faisant croire, par une fausse correspondance, que ces demandes d’argent émanent directement de la Reine.


C’est par le même stratagème qu’elle va le convaincre d’acheter le collier pour le compte de Marie-Antoinette.

Convaincu de pouvoir rentrer en grâce, Rohan négocie et obtient même un fort rabais des deux joailliers. Le 30 janvier 1785, alors qu’il croit avoir rencontré la Reine dans un bosquet alors que le rôle était joué par une prostituée du Palais Royal, il signe un contrat en bonne et due forme et prend possession du collier. Deux jours plus tard, le Cardinal remet lui-même le fabuleux écrin à un homme qu’il croit être un valet de la reine et qui n’est autre que Retaut de Villette l’amant de Jeanne. Pendant toute la nuit, les complices vont dépecer le collier à

l’aide de couteaux de cuisines puis les diamants sont écoulés à Londres dans les semaines qui suivent.

Rohan attendra donc, en vain, de voir la Reine porter son collier ainsi que le versement des sommes promises.

De son côté, Marie-Antoinette informée par plusieurs canaux du rôle joué par le Cardinal, qu’elle déteste, va garder le silence pendant de longs mois jusqu’à ce jour du 12 juillet 1785 ou les joaillers, épuisés par les atermoiements de Rohan, viennent lui demander à être payés.


Marie-Antoinette se décide alors enfin à parler de l’affaire à son mari. Le 15 août 1785, Rohan est convoqué

par Louis XVI avant d’être arrêté publiquement au beau milieu de la galerie des Glaces. Le scandale est retentissant, un procès public ouvert, Jeanne de Valois condamnée, Rohan acquitté et la reine éclaboussée par le jugement qui devait la disculper. Dans Paris, le Peuple raccompagne le Cardinal en triomphe et conspue la souveraine… La Révolution achèvera de ruiner les Böhmer et Bassenge qui quittent la France.


LA PLUS ANCIENNE ET PLUS FIDÈLE RÉPLIQUE CONNUE


Il existe trois reproductions de ce fameux collier au monde et la nôtre est la plus ancienne et la plus fidèle à la gravure annotée conservée à la Bibliothèque Nationale de France et reproduite ici.

Le fait que le collier ait toujours été entre les mains de la famille Baszanger, descendants du joailler Bassange, en agrémente par ailleurs sa rareté. Notre collier a été utilisé lors de plusieurs tournages cinématographiques dans les dans les années 1940 et 1950, et prêté au Château de Versailles pour l’exposition Marie-Antoinette, archiduchesse, dauphine et reine, en 1955.


La version aujourd’hui conservée dans les collections du Château de Versailles est quant à elle postérieure à la nôtre, ayant été réalisée par le joaillier Albert Guerrin de la Maison Burma à Paris, sous la direction de Paulette Laubie, en 1960-1963.

Le troisième modèle quant à lui, conservé au château de Breteuil, date des années 1980.

Les experts en bijoux consultés le présentent comme une réalisation datant de la fin du XIXe-début du XXe siècle cependant, il nous semble pertinent de soulever l’hypothèse aussi plausible que séduisante que ce collier ait pu tout aussi bien avoir été conçu par les descendants du joailler de la reine à partir d’un ou de plusieurs des modèles de démonstration envoyés en 1784 par Böhmer et Bassenge dans diverses cours européennes dans l’espoir de vendre enfin leur collier.


Nous remercions Camille Pascal pour son aide à la rédaction de cette notice.


*Information aux acheteurs :

Lot en provenance hors UE : L’adjudication est HT.

La TVA au taux réduit de 5,5% s’applique sur l’adjudication. Cette TVA est récupérable pour le professionnel français. Elle est remboursable pour un acheteur hors UE sur présentation des justificatifs d’exportation hors UE ou pour un adjudicataire professionnel justifiant d’un numéro de TVA intracommunautaire et d’un document prouvant la livraison dans l’Etat membre.


*Information to the buyers :

Lot from outside the EU : The hammer price and premium will be VAT excluded.

5.5% VAT will be added to the hammer price and premium.

Upon request, this VAT can be refunded to the purchaser on presentation of written proof of exportation outside EU, or to the EU purchaser who will submit his intracommunity VAT number and a proof of shipment to an EU country.

Commissaire-priseur

Juliette LEROY-PROST
Commissaire-priseur
Tél. +33 1 42 99 17 10
jleroy@artcurial.com

Contacts

Charlotte NORTON
Administrateur des ventes
Tél. +33 1 42 99 20 68
cnorton@artcurial.com

Ordres d’achat & Enchères par téléphone

Kristina Vrzests
Tél. +33 1 42 99 20 51
bids@artcurial.com

Actions