Le 16 décembre 2025, Artcurial proposera aux enchères un violon exceptionnel, signé par l’un des plus grands luthiers de l’histoire : Bartolomeo Giuseppe Guarneri, dit del Gedù. Réalisé probablement entre 1727 et 1730, cet instrument rare, estimé 2 000 000 – 2 500 000 €, incarne tout la puissance et la singularité de l’art du maître crémonais, dont les violons comptent parmi les plus recherchés au monde.

« Ce del Gesù fut le fidèle compagnon de ma vie », résuma à l’encre rouge Eugène Ysaÿe sur une étiquette qu’il fit apposer en 1928 à l’intérieur de son violon. Des années plus tard, Isaac Stern, héritier de l’instrument y fit ajouter « De la mienne aussi ».

Ce dialogue intime illustre parfaitement l’attachement des plus grands interprètes à ces violons hors du commun, compagnons symbiotiques, dont l’apparition sur le marché demeure un évènement.

Le rare violon présenté par Artcurial se distingue par un spectre sonore riche et complexe, capable d’une projection extraordinaire sans jamais rien perdre de sa subtilité. Ses graves d’une profondeur rare se marient à des aigus lumineux et pénétrants, offrant à l’interprète un champ d’expression presque illimité. Chaque nuance y trouve sa place, de l’intimité la plus délicate à l’ampleur des grandes salles de concert.

Cette vente s’annonce ainsi comme un rendez-vous majeur pour les musiciens, mécènes, collectionneurs et institutions internationales désireux de s’associer à un sommet de la facture instrumentale.

« Chaque apparition d’un violon de Guarneri del Gesù sur le marché constitue un événement mondial. Leur rareté, leur mystère et leur sonorité incomparables continuent de fasciner collectionneurs et musiciens. Proposer un tel chef-d’œuvre aux enchères, à Paris, est un privilège exceptionnel. » – Stéphane Aubert, Vice-Président d’Artcurial.

« Contempler et entendre un Guarneri del Gesù, c’est recueillir la voix des plus illustres violonistes – Paganini, Ysaÿe, Heifetz, Stern... C’est se laisser saisir par le charme irrésistible de cet instrument envoûtant. C’est entrer dans l’Histoire. »
Jonathan Marolle, Maison Vatelot-Rampal, Expert lutherie.

Lorsque Giuseppe Guarneri, dit del Gesù, s’éteint à Crémone en 1744, rien ne laisse présager que ses violons deviendraient, deux siècles plus tard, les instruments les plus convoités au monde. La grande tradition crémonaise, initiée par la famille Amati dès le XVIe siècle et perfectionnée par Antonio Stradivari aux XVIIe et XVIIIe siècles, trouve son expression la plus singulière dans l’œuvre de Guarneri del Gesù.

La facture de ses violons, spontanée et audacieuse, parfois jugée – à tort – irrégulière ou trop libre, contraste avec la perfection harmonieuse des Stradivari.

C’est précisément cette liberté qui allait, avec le temps, forger une légende. Ses voûtes puissantes, ses ouïes élancées, l’épaisseur de ses tables et ce vernis aux reflets sombres donnaient naissance à une voix singulière : une sonorité dense, ardente, presque sauvage, capable de remplir les salles les plus vastes.

Le destin voulut que ce fut Niccolo Paganini, le virtuose par excellence, qui révélât au monde cette force. Son fameux Cannone de 1743 devint l’extension de sa propre voix : brûlante, théâtrale, inépuisable. Dès lors, le nom de Guarneri del Gesù fut associé à celui du violoniste le plus envoutant de son siècle.

À partir du XIXe siècle, puis surtout au XXe, les plus grands musiciens – Heifetz, Menuhin, Stern, Zukerman, Perlman – recherchèrent à leur tour cette sonorité unique, plus sombre et plus dramatique que celle des Stradivari.

L’exceptionnel violon de Guarneri del Gesù présenté chez Artcurial le 16 décembre 2025 est ainsi à la fois un chef-d’œuvre de lutherie et une opportunité unique de s’inscrire dans cette lignée prestigieuse de musiciens ayant façonné le mythe.

Scientifique, entrepreneur, mécène et mélomane, Philippe Dennery a su rassembler tout au long de sa vie des objets choisis avec une sensibilité rare. Musicien amateur passionné, il joua un temps sur un violon de Giovanni Battista Guadagnini avant de trouver, dans le Guarneri del Gesù présenté aujourd’hui par Artcurial, l’instrument d’une vie.

Alors que son père rallie le général de Gaulle dès juin 1940, Philippe Dennery rejoint les États-Unis, pays auquel il restera profondément attaché. Diplômé du Massachusetts Institute of Technology en 1954 puis d’un doctorat en Physique Théorique de l’Université Columbia en 1958, il entame une carrière de chercheur, à l’Université de Pennsylvanie d’abord, avant de rejoindre le CERN à Genève.

Conseiller auprès du gouvernement français, il prend ensuite la direction de la société familiale d’ameublement et de décoration, la Société Dennery, qu’il développe à l’international, notamment en Afrique et au Moyen-Orient, avant sa cession en 1999.

En parallèle, Philippe Dennery acquiert plusieurs sociétés dont la maison Cassegrain, papetier et graveur de renom.

Homme de convictions, il fonde, en 1989, le Prix Novembre – alternative littéraire au Goncourt – qui distingue, pendant près de dix ans, des auteurs comme Jean Echenoz, Regis Debray ou Lydie Salvayre. Fidèle à ses attaches, il siège pendant plus de 30 ans au conseil d’administration de la Fondation Franco-Américaine, pendant français de la French-American Foundation de New York, dont l’objectif est de promouvoir une meilleure compréhension entre les deux pays.