Artcurial présentera le 6 juin prochain un ensemble exceptionnel mêlant art moderne, objets historiques et souvenirs des grandes civilisations, issus de la collection Philippe Dennery.  

Au cœur de cet ensemble, Ville Verte de Zao Wou-Ki, toile réalisée en mai 1952 (est. 2 500 000 – 3 500 000 €), invite à une immersion dans un univers éblouissant aux subtiles variations d’atmosphère. Influencé par les œuvres de Paul Klee, l’artiste invente un langage fait de signes en mouvement : des bateaux suspendus naviguent entre les souvenirs d’une ville où s’entremêlent architectures ancestrales et ouvrages portuaires modernes.  

Ce dialogue se prolonge avec trois œuvres majeures d’Alberto Giacometti – les lampadaires Tête de femme, Osselet et Étoiles (est. 150 000 – 250 000 € chaque) – dont la pureté décharnée dévoile des silhouettes essentielles, hiératiques, au diapason des figures de Zao Wou-Ki présentées dans son oeuvre. Une lampe Bougeoir de Diego Giacometti (est. 60 000 – 80 000 €), dont les teintes mordorées captent la lumière, prolonge ce jeu chromatique.

Ces œuvres modernes qui puisent leur force dans les chefs-d'œuvre du passé, de l’art Étrusque aux calligraphies chinoises, sont entourées d’objets et de meubles « emblèmes » qui illustrent le savoir-faire des grandes civilisations passées. Ainsi, un ensemble d’estampes japonaises d’Utamaro, évocation poétique des traditions nippones, côtoie un ensemble de coffrets à missives aux armes du Grand Condé et du roi Louis XIII qui ont abrité les plus précieux secrets de notre Histoire (est. 3 000 – 5 000 €).

Un fragment de tapisserie d’Audenarde de la fin du XVIe siècle (est. 2 000 – 3 000 €), représentant une scène de chasse entre cerfs et lions, célèbre l’animalité universelle, que l’on retrouve aussi dans une sculpture d’ours polaire inuit (est. 1 000 - 2 000 €). Ce motif animalier traverse les siècles et se retrouve dans une élégante paire de fauteuils à la reine d’époque Régence (est. 15 000 – 20 000 €), dont le décor dit « au perroquet » fut immortalisé dans un tableau de Jean-François de Troy.

Parmi les pièces d’Extrême-Orient, deux statues en bois de Guanyin des dynasties Tang-Song (VIIe–XIIe siècle), issues de l’ancienne collection Paul Houo-Ming-Tse (est. 30 000 – 50 000 €), incarnent toute la spiritualité du panthéon chinois.  
Enfin, un dessin caractéristique de la production des amérindiens de la fin du XIXe siècle, représentant des cavaliers chevauchant les grandes plaines du Kiowa, clôt l’ensemble sur une évocation puissante de ces cultures libres et ancestrales (est. 1 000 – 2 000 €). 
Plus qu’un ensemble d’œuvres, la collection Philippe Dennery reflète un itinéraire intellectuel et sensible : celui d’un esprit curieux, passionné d’art, qui a su faire dialoguer les formes, les savoirs et les cultures au-delà des siècles. 

Alors que son père rallie le général de Gaulle dès juin 1940, Philippe Dennery rejoint les États-Unis, pays auquel il restera profondément attaché. Diplômé du Massachusetts Institute of Technology en 1954 puis d’un doctorat en Physique Théorique de l’Université Columbia en 1958, il entame une carrière de chercheur, à l’Université de Pennsylvanie d’abord, avant de rejoindre le CERN à Genève.  

Conseiller auprès du gouvernement français, il prend ensuite la direction de la société familiale d’ameublement et de décoration, la Société Dennery, qu’il développe à l’international, notamment en Afrique et au Moyen-Orient, avant sa cession en 1999.

En parallèle, Philippe Dennery acquiert plusieurs sociétés dont la maison Cassegrain, papetier et graveur de renom.  
Homme de convictions, il fonde, en 1989, le Prix Novembre – alternative littéraire au Goncourt –qui distingue, pendant près de dix ans, des auteurs comme Jean Echenoz, Régis Debray ou Lydie Salvayre. Fidèle à ses attaches, il siège pendant plus de 30 ans au conseil d’administration de la Fondation Franco-Américaine, pendant français de la French-American Foundation de New York, dont l’objectif est de promouvoir une meilleure compréhension entre les deux pays.