Acrylique, pastel et crayon gras sur papier contrecollé sur carton pour une illustration destinée à ce recueil publié en 1999 aux éditions Fayard. Texte de Dan Franck.
41,5 x 25,8 cm
Un dessin magnifique, qui inaugure cette émouvante série de portraits de femmes ainsi qu’une singulière traversée du XXe siècle. Le choix de Sarajevo n’est pas dû au hasard : c’est la ville où en juin 1914 fut assassiné l’archiduc d’Autriche François-Ferdinand. Cette très belle danseuse, surgissant de ce nuage blanc et glacé, que les peintres aimaient avoir pour modèle et qui fut courtisée par tant d’admirateurs, est là pour témoigner de ce que le monde — son monde à elle, et celui de son fils adoré, avec tous les formidables souvenirs qui s’y rattachent — était avant ce drame qui fit basculer l’Europe tout entière dans un terrible conflit. L’ancienne capitale de Bosnie-Herzégovine, Enki Bilal la connaît bien, évidemment — elle fait partie de son histoire. Sarajevo assiégée, c’est aussi le point de départ du Sommeil du Monstre, et trois nouveaux-nés qui vont connaître le chagrin de la séparation avant d’être à nouveau réunis. Et il y a ce rouge, qui s’empare du reflet du miroir et raconte tant de choses, souligne ce qui doit l’être, et hante le travail de l’artiste depuis si longtemps.